Wimbledon : Les secrets d’une pelouse sacrée

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Le tournoi de Wimbledon, qui fait partie du Grand Chelem, a débuté le 6 juillet et s’achèvera le 16 juillet. L’occasion pour France Info de s’intéresser à l’entretien minutieux accordé au cœur du jeu : le gazon. 

Wimbledon, c’est une institution dans le monde du gazon. Mythique Grand Chelem, la pelouse des courts de tennis anglais ont été foulées par des légendes du tennis mondial. Et pour donner aux spectateurs le spectacle qu’ils attendent tous, les équipes d’entretien livrent un entretien minutieux de chaque brin d’herbe comme le montre France Info dans un article.

A 54 ans, Neil Stubley est le responsable des courts et de l’horticulture à l’AELTC (All England Lawn Tennis & Croquet Club). Depuis 2012, il chapeaute l’entretien des terrains engazonnés. « C’est un honneur, mais aussi beaucoup de pression. J’aime à penser que l’on peut faire partie de l’histoire. Vous prenez le relais, en quelque sorte, de votre prédécesseur, et avec un peu de chance, vous laissez la place dans une meilleure situation que celle dans laquelle vous l’avez prise », indique-t-il à France Info.

Au beau matin, les équipes commencent par nettoyer les lignes au souffleur pour enlever les brins d’herbes arrachés de la veille. Vient ensuite le temps de la tonte avec des tondeuses hélicoïdales à conducteur marchant. Le gazon est tondu à 8 mm. « Nous avons déterminé cette hauteur avec le STRI. A huit millimètres il y a assez de feuilles sur la plante pour qu’elle puisse réaliser la photosynthèse, pour lui permettre de survivre et de se réparer pendant la nuit. Et c’est assez court pour que les chaussures des joueurs ne s’agrippent pas et glissent », précise Neil Stubley. Les lignes sont ensuite peintes au cordeau. Les quelques traces laissées par l’appareil de traçage sont effacées au balai à éponge.

Les courts sont arrosés le soir en fonction des besoins de la plante. « Si un court est trop ferme, nous pouvons l’arroser plus pour l’assouplir. Cela peut aller de 800 à 1600 litres d’eau par jour et par court. Ce qui semble beaucoup, mais sur cette vaste zone, c’est littéralement un millimètre de pluie, ou l’équivalent de cinq minutes d’averse », ajoute-t-il. Si ces arrosage d’ajustement son effectifs, c’est notamment parce qu’un travail d’irrigation a été fait en amont du tournoi comme l’indique Neil Stubley : « Les semaines qui précèdent les championnats, nous arrosons beaucoup. Le profil du sol est donc assez humide. Pendant le tournoi, il suffit d’un petit coup d’eau pour rafraîchir et redonner de la couleur pendant la nuit. Il ne faut surtout pas trop arroser, au risque que le terrain glisse ».

Entretien et rénovation hors tournoi

Si les projecteurs sont braqués sur les courts deux semaines dans l’année, les équipes d’entretien sont à l’action toute l’année, d’une part pour préparer le tournoi, d’autre part car certains courts sont accessibles aux membres. Dès août, plusieurs courts sont fermés avant une rénovation « qui consistera, selon l’état du court, soit à enlever tout le revêtement, soit à revenir au niveau du sol puis réensemencer », indique le responsable des courts. Avant d’ajouter : « chaque court est soumis à un cycle de deux ou trois ans, où nous enlevons le gazon. Nous le traitons pour éviter la venue de parasites ou de maladies et nous replantons. » Chaque année, 10 tonnes de semences sont plantées. Plus le tournoi approche, plus les tontes sont courtes et précises, et moins la quantité d’engrais utilisée est grande pour ne pas avoir un gazon luxuriant et glissant.

 

Changement de graminée en 2001

L’année 2001 a marqué un changement important sur les courts de Wimbledon. En effet, le gazon, jusqu’alors composé de seigne (70 %) et de fétuque rouge (30 %), est passé au ray-grass vivace. « Des recherches, menées par le STRI, ont démontré que ce gazon était plus résistant aux conditions climatiques et à l’usure provoquée par le jeu moderne, sans en affecter la vitesse perçue sur le court », explique Neil Stubley. L’une des conséquences de ce changement a été la suppression de la journée de pause lors du dimanche intermédiaire, initialement instaurée pour laisser le gazon se reposer.

Plus de 20 ans après ce changement important, le responsable de l’entretien ne ferme pas la porte à un nouveau changement à l’heure où les conditions climatiques poussent les gestionnaires de terrains de sport engazonnés à réfléchir aux graminées utilisées. « Nous sommes très à l’écoute de la plante et de la nature. Et nous sommes toujours en quête d’une graminée qui, certes doit être résistante au jeu, mais aussi à la sécheresse. C’est pourquoi nous essayons de travailler avec des semences qui sont plus autonomes, qui ont donc moins besoin d’engrais », conclut-il.

 

Corentin RICHARD

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