Proxidetect Gazon : La caméra multispectrale au service de la lutte intégrée

Catégorie : Recherche & innovation

Le projet de l’Institut Ecoumene Environnement Golf, Proxidetect Gazon, a officiellement été lancé aux golfs de Chantilly et de Chiberta. Les tondeuses, équipées de caméra multispectrale, devraient fournir de la data précise quotidienne et favoriser la lutte intégrée.

Il faisait partie des projets phares de l’Institut Ecoumène et il a officiellement été lancé ! Le projet Proxidetect gazon a en effet été approuvé et va livrer ses premiers essais aux golfs de Chantilly et de Chiberta. Si l’idée de base est simple : équiper les tondeuses de caméra multispectrale afin de « scanner » quotidiennement le gazon, son application est une prouesse technologique.

Et si les tondeuses avaient des yeux ? Des yeux si précis qu’ils seraient capables d’analyser la santé du gazon et d’anticiper les stress et les maladies. C’est, de façon caricaturale, l’idée qui se cache derrière le projet Proxidetect gazon mené par l’Institut Ecoumène Golf et Environnement. Et pour que ces yeux puissent couvrir le plus de surface possible sur un golf, quoi de mieux que de les installer sur le matériel qui arpente quotidiennement les parcours ? Les tondeuses ! Dans le cadre du projet, ces dernières sont en effet équipées de caméras multispectrales, une nouvelle technologie qui pourrait permettre de prévenir les troubles du gazon en fournissant des informations détaillées sur la santé et l’état du gazon.

Les caméras hyper-spectrales sont des dispositifs d’imagerie avancés qui peuvent capturer des images dans une large gamme de longueurs d’onde, de la lumière visible au proche infrarouge. « Elles peuvent de ce fait détecter des changements subtils dans la réflectance des différents tissus végétaux, qui peuvent indiquer la présence de certains troubles. Par exemple, une caméra hyper-spectrale peut être capable de détecter des changements dans la teneur en chlorophylle des feuilles de gazon, ce qui peut indiquer que la plante est stressée par un phénomène biotique ou abiotique », explique Rémy Dorbeau, président de l’AGREF et membre de l’Institut Ecoumène Golf et Environnement. Parmi les avantages de ce type de caméra, nous retrouvons la détection des troubles à un stade précoce, avant d’être visible à l’œil nu. Cela permet notamment une intervention et un traitement précoce.

 

Des caméras embarquées pour une prophylaxie précise

Le principe de Proxidetect est d’équiper une tondeuse d’une caméra embarquée afin de récupérer régulièrement des images. Celles-ci seront ensuite analysées par une intelligence artificielle afin de créer de la data et de renseigner l’intendant sur les agresseurs du gazon. « L’idée c’est que la machine sache identifier une pâquerette, un pitch, une tache de fusariose, un phénomène biotique ou abiotique. Les agressions seront précisément géolocalisées afin de produire une cartographie qui sera compatible avec les pulvérisateurs de précision capable de traiter des surfaces de 6 cm par 6 cm déjà existants », ajoute Rémy Dorbeau.

Le projet Proxidetect, débuté le 5 janvier 2023, va dans un premier temps être accueilli par le Golf de Chantilly et le Golf de Chiberta, avec l’étroite collaboration de la société Carbon Bee©, spécialisée dans le Machine Learning et les caméras hyper-spectrales.

 

Machine learning : aussi appelé apprentissage automatique, sous-catégorie de l’intelligence artificielle qui consiste à laisser des algorithmes découvrir des motifs récurrents (« patterns ») dans des ensembles de données (chiffres, mots, images, statistiques). En trouvant ces « patterns », les algorithmes apprennent et s’améliorent.

Les tondeuses sont équipées du dispositif SmartStriker™ développé par Carbon Bee©. Il se divise en trois parties.

 

Capteur
La qualité d’image est de plusieurs millions de pixels combinée à une précision de mesure en RVB, infrarouge et hyperspectrale. Chaque capteur comprend la même intelligence artificielle et les mêmes bases de connaissances pour analyser en temps réel avec précision. Les détections des mauvaises herbes, du stress et des maladies sont géoréférencées.
Dispositif de commande
Il est chargé de collecter les détections de chaque capteur connecté et contrôle l’action de désherbage de précision. Il crée également la cartographie finale.
Ecran d’affichage
Connectée au dispositif de commande, il permet de contrôler l’action en temps réel la modulation et d’obtenir la cartographie finale.

Une fois les données récoltées, elles sont cartographiées. Ces cartographies devraient aider l’intendant dans sa prise de décision en indiquant les zones où les prémices de stress ont été détectés. « Dans le processus scientifique, le but est d’abord de faire une prophylaxie vraiment préventive avant que les dégâts ne soient trop importants dans la plante pour ensuite optimiser les effets des biostimulants au sein de cette prophylaxie », explique Rémy Dorbeau.

Les cartographies, couplées à un système de pulvérisateur précis, devraient également permettre une réduction des quantités pulvérisés. « Nous espérons une réduction d’utilisation des produits de 50 à 70 % notamment pour les herbicides sélectifs », indique le président de l’AGREF. Un objectif qui semble dans les cordes.

Corentin RICHARD

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