Principality Stadium : D’une pelouse sur palettes à un terrain hybride

Catégorie : Pratiques

A l’occasion du Tournoi des Six Nations, Gazon Sport Pro H24 vous propose un tour d’horizon de l’entretien des six pelouses de la compétition. Après Twickenham et Murrayfield, place à un autre temple du rugby : le Principality Stadium.

Certains l’appellent encore Millenium Stadium mais depuis 2016 son nom est Principality Stadium. Situé à Cardiff, ce stade de 73 000 places, antre du XV du poireau mais également de l’équipe nationale de football depuis 1999, est le troisième plus gros stade du Tournoi des Six Nations. Entre un climat particulier, une infrastructure qui n’a pas été pensée pour le gazon et un ancien système de gazon sur palette, l’histoire de l’entretien du pré gallois présente de nombreuses singularités.

Depuis 2004, Lee Evans est le Head Groundsman du Principality Stadium. A 53 ans, il s’appuie sur une solide expérience de plus de 25 ans dans le métier lors de laquelle il a notamment été jardinier à Fulham puis Head Groundsman à Aston Villa. Le Gallois n’a pas manqué l’occasion de revenir dans son pays lorsque l’opportunité s’est présentée. En plus de 18 ans, le groundsman a vu la pelouse du Principality Stadium grandement évoluer. Il a d’ailleurs lui-même militer pour un terrain hybride qu’il a finalement obtenu en 2014.

 

Lee Evans prend soin de la pelouse du Principality Stadium depuis 2004. Image : Richard Swingler

D’un terrain palettisé à une pelouse hybride

Depuis sa création en 1999, le Principality Stadium présentait une pelouse pour le moins singulière en Europe puisqu’elle était disposée sur des palettes. La base du terrain était goudronnée afin de supporter le poids des camions et des grues. Les quelques 6000 palettes de gazon étaient assemblées tel un puzzle. Un système Sub-air était disposé sous les palettes de gazon. Le changement de la pelouse pour accueillir d’autres événements nécessitait une manutention très importante.

Le microclimat au sein du stade est unique. La zone racinaire sur palette était trop fine (75 mm de profondeur entre le haut de la palette et la surface de l’herbe), ce qui ne permettait pas de faire des aérations profondes. Une couche compacte se formait et empêchait l’eau et l’air de circuler. Globalement, la pelouse avait du mal à supporter l’intensité des matchs sans s’arracher, spécialement lors des mêlées. « Vous avez un pack d’une tonne qui pousse contre un autre pack d’une tonne qui pousse aussi sur un sol de 40 mm d’épaisseur qui allait inévitablement se déchirer », confie Lee Evans lors d’une interview pour Turf Matters.

En 2014, face aux critiques médiatiques récurrentes concernant la qualité de la pelouse, la Fédération galloise de rugby à XV (WRU), aidée par le gouvernement gallois, investit près de 2 millions de livres sterling pour l’installation d’une surface hybride. Ainsi, à l’instar de nombreux stades britanniques, le Principality Stadium est doté d’une pelouse hybride Desso Grassmaster.

Bien que la pose d’une pelouse hybride ait réglé de nombreux maux, pour le groundsman, le principal défi est surtout d’entretenir ce gazon dans un climat particulier. « C’est l’endroit le plus difficile pour faire pousser de l’herbe. Entre octobre et février, c’est comme faire pousser une plante sous un chêne », métaphorise-t-il. Il faut dire que lors de sa construction en 1999, le Principality Stadium n’a pas été pensée pour une croissance optimale du gazon. « C’était le dernier stade construit sans se soucier de la pelouse », confie Lee Evans à Wales Online. En effet, l’espace est confiné, le gazon souffre d’un manque d’ensoleillement et de ventilation. Pour y faire face, l’ancien groundsman d’Aston Villa peut s’en remettre aux 15 lampes de luminothérapie et aux ventilateurs géants à sa disposition afin d’imiter une ventilation naturelle qui fait défaut à la croissance du gazon.

Un toit rétractable parfois problématique

L’une des grandes caractéristiques du stade gallois est son toit totalement rétractable. Cet outil peut offrir aux joueurs des conditions optimales même en cas de pluie ou de vent. Cardiff est l’une des villes où il pleut le plus au Royaume-Uni, avoir un toit rétractable semblait donc nécessaire pour garantir un terrain praticable sur le gazon en palettes, peu drainant. Avec l’arrivée du Desso Grassmaster, son utilité pour l’entretien est remise en question. Pire, son utilisation peut s’avérer problématique pour Lee Evans et son équipe. « D’après mon expérience, si vous fermez le toit durant deux ou trois jours l’herbe commence à rentrer en dormance », confiait-il à Turf Matters. En plus de priver davantage le gazon de lumière, il provoque une importante condensation lors des matchs. « Si vous fermez le toit du stade alors qu’il est plein de 75 000 personnes, la pelouse sera trempée à la mi-temps à cause de la condensation », explique-t-il.

 

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L’entretien de la pelouse

Lee Evans suit minutieusement l’état de sa pelouse à l’aide des huit capteurs disposés sur le terrain et lui permettant d’avoir en direct la température du sol, les niveaux d’humidité et les niveaux de lumière. Le chauffage au sol maintient la pelouse entre 12 et 16 °C. Grâce à la gestion centralisée, il peut contrôler la température du terrain et l’irrigation depuis son PC ou son portable. Un système de récupération des eaux de pluies a été installé. En raison des nombreux événements qui se tiennent l’été au stade, le sursemis est réalisé en septembre voire mi-septembre. Lorsque le temps manque, du gazon renforcé est plaqué comme ce fut le cas en octobre dernier.

 

Corentin RICHARD

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