Luis Nigorra : « L’eau des golfs est impropre à la consommation humaine »

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Le président de l’Association espagnole des terrains de golf (AECG), est remonté au créneau dans la presse espagnole pour défendre la filière golfique, vivement critiquée de l’autre côté des Pyrénées.

Ce n’est pas la première fois que Luis Nigorra prend la parole dans la presse espagnole. Il y a presqu’un an jour pour jour, le président de l’Association espagnole des terrains de golf montait déjà au créneau dans El Economista pour défendre la filière après une année de sécheresse et à l’aube de l’interdiction d’utilisation des produits phytosanitaires. C’est cette fois-ci dans El Confidencial qu’il est intervenu, en marge de la Conférence européenne de l’industrie du golf qui se tenait à Malaga du 12 au 14 février. Un événement qui réunit les propriétaires de golf afin de protéger la filière lorsque des lois européennes sont adoptées. « En fait, au quotidien, cela a peu d’influence car 99% des lois qui s’appliquent sont des lois nationales, mais il commence à y avoir une série de lois européennes dans lesquelles nous devons être présents pour que notre opinion se reflète », explique Luis Nigorra.

 

Une image critiquée en Andalousie

Cette réunion a mis un coup de projecteur sur l’industrie du golf en Espagne. L’occasion pour lui de tacler les préjugés et de montrer les bénéfices du golf au sein de son pays. Selon lui, l’Espagne est leader du tourisme golfique, avec plus ou moins 1,2 million de touristes qui viennent en premier lieu pour jouer au golf. « Les dépenses directes des touristes étrangers pour le golf en Espagne s’élèvent à environ 5,6 milliards d’euros par an, ce qui, avec les dépenses indirectes et induites, dépasse les 12 milliards d’euros » , explique-t-il.

L’Espagne compte près de 360 golfs dont une centaine en Andalousie. Et c’est là où le bât blesse : l’Andalousie est touchée par une sécheresse historique. Plus de 100 communes sont soumises à des restrictions d’eau pour la consommation humaine. Le débat sur l’arrosage des golfs est naturellement très tendu. Un parti politique a même demandé au Parlement andalou la fermeture des golfs. Face à cette situation, le président de l’AECG se défend en invoquant l’argument de la provenance de l’eau utilisée pour arroser les golfs.

« Parmi l’eau recyclée produite par l’Andalousie, ce que consomme le golf représente probablement 10 % de ce qui est rejeté à la mer chaque jour. Le fait est que nous jetons à la mer beaucoup d’eau qui pourrait être utilisée pour arroser tout, des terrains de sport aux routes, en passant par les parcs et bien plus encore. Cela n’est pas fait parce qu’il y a un manque d’investissements importants, qui sont le traitement tertiaire de nombreuses stations d’épuration. Nous utilisons principalement un gaspillage d’eau. Ce n’est pas une eau propre à la consommation humaine et, dans de nombreux cas, même au contact avec l’homme. Les terrains de golf effectuent un traitement tertiaire qui améliore la qualité de l’eau. Si cette eau n’était pas utilisée ici, elle serait rejetée à la mer. Nous ne prenons l’eau à personne », justifie-t-il dans les colonnes de El Confidencial.

Pour aller plus loin, il compare la quantité d’eau consommée dans un monde où il y aurait 400 golfs en Espagne (il y en a en réalité moins) avec une réserve d’eau de 300 000 m3 par an : cela représenterait un total de 120 000 000 de m3 soit 328 700 m3 d’eau recyclée utilisée par jour. D’après le ministère des Travaux publics espagnol, 1 700 000 m3 d’eau potable est gaspillé par jour, ce qui représente cinq fois et demie la consommation des 400 golfs.

 

Le communautarisme espagnol freine-t-il l’industrie du golf ?

Depuis 2008, aucun nouveau terrain de golf n’a été inauguré en Espagne. « Nous avons des communautés depuis des communautés où, par la loi, il est directement interdit de construire de nouveaux terrains de golf, jusqu’à d’autres régions où nous avons une sorte de charabia juridique qui rend les choses très difficiles car il y a toujours quelque chose qui vous interdit d’avancer dans les projets. . Dans la plupart des communautés, il est très difficile de développer un projet sur un terrain de golf », regrette-t-il. Un projet de construction de golf nécessite au moins 15 ans de traitement.

Les choses ont toutefois évolué, notamment avec le gouvernement espagnol, qui a pris conscience du poids économique du golf (création d’emplois, désaisonnalisation du tourisme). Cela se traduit par des projets pour mettre en avant numériquement le golf en Espagne mais également pour améliorer l’impact environnemental du golf en Espagne. Par exemple, une étude est menée avec l’Université de Cadix sur l’utilisation et la gestion de l’eau sur les parcours de golf. Des projets qui pourraient aider la filière à se détacher des préjugés encore bien présents.

Corentin RICHARD

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