IAGE veut accompagner les gestionnaires de pelouses avec un diagnostic précoce des maladies
Catégorie : Recherche & innovation
La société IAGE (Ingénierie en Analyses en Génétique et Environnementale) a développé une méthode d’analyse précoce des pathogènes du gazon en utilisant une technologie issue du domaine médicale. Avec celle-ci, le laboratoire montpelliérain souhaite accompagner les gestionnaires de pelouses sportives pour leur permettre d’éviter les maladies et de mettre en place des solutions de traitement de manière efficace.
Le laboratoire montpelliérain IAGE (Ingénierie et Analyses en Génétique Environnementale) est à l’origine spécialisé dans le développement de méthodes de diagnostic dans l’environnement en santé humaine, animale ou végétale, et s’est peu à peu spécialisé dans le diagnostic de maladies sur gazon. Une voie empruntée un peu par hasard, alors que le laboratoire est à l’origine spécialisé dans la santé (humaine ou végétale). Mais que ce soit dans la santé humaine, animale ou végétale, l’objectif de l’IAGE reste le même : détecter la pathogène avant l’arrivée de la maladie. Un service qui pourrait enlever une grosse épine du pied aux gestionnaires de pelouses sportives et leur offrir une marge de manœuvre plus importante afin de mettre en place des solutions de traitement et d’éviter la maladie. Mais surtout, leur apporter de la sérénité.
Naissance, Covid et diagnostic
Le laboratoire de diagnostic environnemental IAGE (Ingénierie en Analyse Génétique Environnemental) a été fondé en 2017. Hébergé au CIRAD (Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement) dans un premier temps, le laboratoire travaille avec tous les instituts de recherche de Montpellier (CNRS, INRAE, IRD, CIRAD, IFREMER, etc.) pendant trois ans, avec pour mission d’appuyer les chercheurs sur les méthodes de diagnostic.
Avec l’arrivée du Covid, le laboratoire diversifie son activité (échantillonnage, prélèvement, modélisation) en proposant des analyse ultraprécises et en fournissant des indicateurs épidémiologiques. Très vite, les laborantins se rendent compte qu’en une seule analyse, il est possible d’obtenir la situation épidémiologique de toute une population. « Au bout de 2-3 ans, nous avons été contents de voir que la courbe des indicateurs épidémiologiques français, qui résulte de l’agrégation des diagnostics individuels, suivaient notre courbe lorsque nous faisions du diagnostic de SARS-COV 2. Cela a permis de montrer la plus-value de notre indicateur, en une seule analyse », rembobine Olivier Couillerot, Directeur Scientifique à IAGE.
L’objectif est clair du côté d’IAGE : rationnaliser le diagnostic individuel. Pour cela, le laboratoire va créer sa propre méthode qui consiste à analyser l’environnement plutôt que les individus qui le composent. Ainsi dans le cadre du diagnostic de la grippe aviaire, ce ne sont pas les volailles d’un élevage qui sont analysées, mais un échantillon de l’environnement de l’élevage. En l’occurrence, une chiffonnette est passée sur les poussières de l’élevage. Le virus agrège les poussières et il est possible de dire s’il y a le virus aviaire hautement pathogène au sein de l’élevage en une seule analyse.
Une méthode d’analyse adaptée au gazon
IAGE travaillant sur des problématiques de santé environnementale, cette méthode d’analyse a été transposée à diverses populations. C’est notamment le cas du végétal et plus particulièrement du gazon.
Il y a plus d’un an, en collaboration avec le CIRAD, l’IAGE a lancé un projet nommé « Diapason » et financé par le programme « France Relance ». L’idée du projet était de diagnostiquer un pathogène émergeant des graminées qui pouvaient arriver sur le riz et le blé. Ce pathogène en question, le Pyricularia orizae, est l’agent de la pyriculariose, principalement présente dans les stades. Et pour cela, il fallait mettre en place une méthode de diagnostic précoce. « La première étape a été d’établir une méthode PCR qui cible spécifiquement la pyriculariose. Nous avons inoculé du gazon avec une quantité connue de pyriculariose et nous avons observé l’évolution de la maladie. Cela nous a permis de voir si nous étions capables d’établir un diagnostic précoce », explique Olivier Couillerot. Il a fallu ensuite réfléchir à une méthode opérationnelle adaptée aux gestionnaires de terrains engazonnés. Le protocole mis en place pour le diagnostic de la grippe aviaire est alors ressorti comme une solution.
Détecter, localiser et quantifier le pathogène
Le mode opératoire est validé en interne grâce à des essais menés en collaboration avec le Stade de la Mosson de Montpellier. « Nous avons validé la possibilité de faire un diagnostic précoce, de quantifier le pathogène avant de voir les premiers symptômes de la maladie », ajoute le laborantin. Pour ce faire, il suffit de passer une lingette sur les lames des tondeuses après une tonte.
L’offre mise en place par IAGE se divise en 3 étapes. Dans un premier temps, le diagnostic précoce consiste à passer une lingette sur toutes les tondeuses afin de diagnostiquer la présence du pathogène. Ensuite, si le pathogène est détecté, une seconde salve de prélèvements est réalisée avec une lingette pour chaque tondeuse afin de localiser l’infection. Une fois le secteur infecté identifié, un prélèvement sur déchets de tonte est effectué afin de quantifier le pathogène grâce à un seuil de détection extrêmement bas, de l’ordre de 0,05 %. « Ce qu’on peut montrer auprès des gestionnaires en quantifiant le pathogène, c’est l’impact direct de leurs traitements et des solutions mises en place. Jusqu’alors, lorsqu’ils appliquaient des traitements, ils étaient obligés d’attendre plusieurs semaines pour voir l’efficacité. Tandis qu’avec cette méthode, avec une quantification avant le traitement et une après (nous préconisons 5 points d’analyse sur déchets de tonte), nous pouvons vraiment dire aux gestionnaires s’ils sont en train de gérer la maladie », ajoute-t-il. Dès lors que la maladie est partie, le suivi repasserait sur les lames de tondeuses.
Cette méthode a été élargie sur 7 autres pathogènes du gazon : le Dollar Spot, l’anthracnose, la fusariose froide, helminthosporiose, le rhizoctonia, le sclerotium rolfsii, la leptospirose. « La première chose que nous allons demander c’est l’historique du stade et des maladies. Une fois que nous avons défini les cibles préférentielles pour un stade, nous préconisons notre analyse une fois par semaine, voire deux dans les périodes à hauts-risques », précise Olivier Couillerot. Une fois que le programme d’analyses a été fixé, tout le nécessaire pour l’échantillonnage est envoyé (lingettes, explications du protocoles et préconisations). Le gestionnaire n’a alors plus qu’à envoyer ses lingettes chaque semaine au laboratoire, qui s’engage à fournir des résultats entre 24 et 48 heures. Si le pathogène est détecté, le laboratoire lui conseille une deuxième expertise afin de quantifier le pathogène en envoyant des prélèvements de déchets de tonte.
Une association parfaite avec le biocontrôle ?
Ces diagnostics précoces pourraient bien être un complément parfait de l’utilisation de produits de biocontrôle. Ces derniers, avec l’interdiction des produits phytosanitaires dès 2025, sont de plus en plus utilisés en préventif. Mais leur efficacité ne fait pas toujours l’unanimité chez les groundsmen et les greenkeepers. En diagnostiquant de façon précoce le pathogène, l’application d’un traitement de biocontrôle sera plus efficace. Plus le pathogène est détecté tôt, plus le traitement préventif de biocontrôle pourra être appliqué précocement, et plus il aura de chances d’être efficace.
L’IAGE travaille d’ores et déjà avec plusieurs gestionnaires de terrains professionnels. « Pour l’instant, la majorité des gestionnaires qui nous ont contactés sont ceux soumis à des problèmes, ceux les plus impactés par la maladie. Notre objectif est de pouvoir déployer notre surveillance basale pour détecter l’arrivée du pathogène et anticiper la croissance de la maladie, que ce soit sur les stades ou les centre d’entrainement », ajoute Olivier Couillerot. Pour cela, les prix proposés sont raisonnables : une centaine d’euros l’analyse sur lingettes pour une maladie, et 36 € pour chaque maladie supplémentaire à détecter. A peine plus lors des analyses sur déchets de tonte. « Grosso modo, pour 10 semaines de suivi sur une période à risques, la prestation coute 1000 € », nous précise Olivier Couillerot.
IAGE travaille d’ores et déjà avec plusieurs gestionnaires de terrains professionnels. « Pour l’instant, la majorité des gestionnaires qui nous ont contactés sont ceux soumis à des problèmes, ceux les plus impactés par la maladie. Notre objectif est de pouvoir déployer notre surveillance basale pour détecter l’arrivée du pathogène et anticiper la croissance de la maladie, que ce soit sur les stades ou les centre d’entrainement », ajoute Olivier Couillerot. Pour cela, les prix proposés sont raisonnables : une centaine d’euros l’analyse sur lingettes pour une maladie, et 36 € pour chaque maladie supplémentaire à détecter. A peine plus lors des analyses sur déchets de tonte. « Grosso modo, pour 10 semaines de suivi sur une période à risques, la prestation coute 1000 € », nous précise-t-il.