Espagne: FC Séville, le bon élève écologique

Catégorie : Pratiques

Si en France, la question de l’impact environnemental des clubs professionnels se retrouve de plus en plus sous le feu des projecteurs, en Espagne, un club a pris les choses en main depuis plusieurs années : le FC Séville. Le club andalou tente de réduire son empreinte carbone depuis 2011 comme nous l’expliquent son vice-président, José Maria de Nido Carrasco, et le directeur des opérations et des pelouses du club, Carlos Venegas.

Pas de « char à voiles » au FC Séville. Loin des polémiques générées par l’engagement écologique du Paris Saint-Germain, le club andalou fait figure de référence en Espagne en termes d’adaptation écologique. Depuis 2011, les Rojiblancos ont une approche globale visant à diminuer au maximum leur empreinte carbone pour être dans les clous des objectifs fixés par l’Agenda 2030.

« Notre stratégie repose sur plusieurs piliers : l’utilisation de graminées résistantes et de produits biologiques, l’utilisation de machines électriques dans toutes nos installations et, surtout, l’optimisation de l’utilisation de l’eau », précise le vice-président José Maria del Nido Carrasco. Et lorsque l’on détaille les efforts sévillans, on se rend vite compte que l’eau a été la pierre angulaire de la réflexion durable du club.

 

Une eau recyclée et gérée raisonnablement 

La situation climatique de l’Andalousie donne une importance particulière à l’irrigation. En effet, la région connait peu de précipitations (483 mm en moyenne à l’année). Celles-ci sont principalement concentrées au mois de décembre (77 mm en moyenne) tandis que le mois de juillet est extrêmement sec (2 mm en moyenne). 

Dès lors, le club a mis en place plusieurs solutions afin de concilier une irrigation nécessaire et la volonté de réaliser des économies d’eau. Pour ce faire, les eaux utilisées pour l’entretien des terrains proviennent du forage, de la pluie et du drainage. « Dans toutes les installations du centre d’entraînement José Ramon Cisneros Palacios, nous avons construit une toiture qui recueille l’eau de pluie et l’eau de ruissellement et qui, grâce à un système de pompage, permet de la recycler pour arroser les terrains de football. Rien que cela nous permet d’économiser la moitié de la consommation d’eau », indique Carlos Venegas le directeur des opérations et des pelouses du club. 

 

Carlos Venegas, le directeur des opérations et des pelouses du FC Séville

Et le club espagnol ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Il étudie plusieurs moyens pour réduire davantage sa consommation en eau comme l’installation d’une station d’épuration au centre d’entraînement afin de recycler les eaux des vestiaires et des toilettes et les utiliser pour l’entretien des terrains. Le club teste également des systèmes d’irrigation plus efficaces équipés de meilleurs capteurs.

 

Changement de graminée en fonction des saisons

Dans sa volonté d’optimiser son irrigation, le FC Séville a également mené une réflexion sur le choix des graminées composant la pelouse du stade Sanchez-Pizjuan. L’Andalousie fait partie des régions les plus chaudes d’Europe. Les étés sont secs avec des températures pouvant monter au-delà des 40°C et les hivers doux. Dès 2009, le club andalou a opté pour une variété de Cynodon dactylon (le Bermuda Tifway 419), une graminée de saison chaude. « Nous avons été les premiers à installer le Bermuda Tifway 419 dans un stade de football et à le conserver plusieurs années », précise Carlos Venegas.

Un choix qui se justifie par le fait que les graminées hivernales ne résistent pas aux températures estivales élevées de Séville. « L’herbe d’hiver consomme entre 50 et 60 % d’eau en plus l’été. Cette pelouse d’été récupère mieux des dommages du jeu, a plus de résistance au piétinement », indique le directeur des opérations. Lorsque l’hiver arrive, l’équipe d’entretien effectue un sur-semi de Ray-grass anglais pour que la pelouse résiste au froid. Des opérations de rénovations sont réalisées en fin de saison pour réactiver la graminée d’été et éliminer celle d’hiver. Si cette configuration instaurée en 2006 est toujours d’actualité, le club teste des variétés de graminées issus de climat chaud encore moins consommatrices d’eau que le Bermuda.

Lutte intégrée et nutrition sur-mesure

Alors qu’en France, l’utilisation de produits phytosanitaires sera interdite en 2025, Carlos Venegas nous explique la situation en Espagne. « Les restrictions phytosanitaires sont de plus en plus sévères. On s’attend à ce qu’aucun produit phytopharmaceutique ne puisse être appliqué avant 2030. Il existe très peu de produits autorisés pour les pelouses de sport et leur application répétée provoque la résistance des champignons », précise-t-il. Dans ce contexte, le FC Séville a adopté une stratégie de lutte intégrée dans laquelle l’utilisation de produits phytosanitaires intervient en ultime recours. L’utilisation de biopesticides de manière préventive ainsi qu’une bonne nutrition des plantes permettent d’éviter cet ultime recours. Un partenariat a été conclu avec l’Université de Séville et la Fédération Espagnole de Golf pour mener des réflexions communes sur les produits de biocontrôle.

Pour que la nutrition soit adaptée aux besoins des plantes, le personnel d’entretien réalise régulièrement une batterie d’analyses (sol, foliaires, sève et eau). « En regardant les besoins, nous nourrissons la plante à la demande, sans apports importants, seulement avec les nutriments nécessaires, en évitant les pertes de produit par lixiviation », explique Carlos Venegas.  Concernant le plan de fertilisation, l’engrais utilisé est organique et appliqué à 90 % par fertirrigation afin d’augmenter l’efficacité tout en réduisant la pollution.   

Fin 2021, le club a conclu un accord avec Proin Group, qui est devenu fournisseur officiel d’engrais écologiques du club pendant 3 saisons. Avec cette collaboration, le FC Séville réduit davantage son empreinte carbone. En effet, l’entreprise sevillane se trouve à quelques kilomètres des complexes sportifs du club et propose des produits naturels qui bénéficient des certifications biologiques internationales OMRI, CDFA, Normes UE ou Biodynamie. 

Déjà bien impliqué dans la transition écologique, le FC Séville fait office de précurseur dans le domaine. « Nous ne nous contentons jamais de quelque chose. Nous sommes toujours à la recherche d’améliorations dans tous les domaines du club », confie le vice-président José Maria del Nido Carrasco, désireux d’être à la pointe de la durabilité.

Corentin RICHARD

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