Edito : Peut-on vraiment déconnecter lorsqu’on est intendant ou gestionnaire de pelouses sportives ?

Publié le 2 juillet 2025 à 07h00

Catégorie : Actualités

Être intendant ou gestionnaire de pelouses sportives professionnelles implique de grandes responsabilités. Le besoin de performance et de résultats peut parfois prendre le dessus sur la raison à tel point que les professionnels peuvent se retrouver incapable de déconnecter avec leur métier.

Image générée par Intelligence Artificielle.

Dans un métier comme intendant de parcours de golf ou gestionnaire de pelouses sportives, il peut être parfois difficile de couper. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il s’agit d’une part d’un métier passion, d’autre part d’un travail avec du vivant. Par conséquent, l’implication personnelle n’est pas toujours calculée pour la première raison, et les horaires fixes n’existent pas pour la seconde. La passion peut se montrer débordante. Mais comme toute chose qui déborde, elle peut finir par s’estomper.

Depuis désormais trois années que je suis assidument ce milieu et que j’arpente divers golfs, stades, centres d’entrainement ou pistes hippiques, il m’a été donné de voir des êtres infiniment passionnés, à la dévotion presque sans limite. Des anecdotes en pagaille illustrent cette implication : des intendants prêts à dormir dans leur bureau pour surveiller le départ d’une maladie, le téléphone qui vibre en vacances, à l’autre bout de la France, pour une panne, des opérations critiques lancées en pleine nuit … Travailler avec du vivant, c’est accepter que tout peut aller très vite dans un sens comme dans l’autre, c’est accepter devoir sacrifier un peu de soi. Et lorsqu’on aime son terrain, on ne compte pas.

Les progrès technologiques et la digitalisation du secteur ont amplifié ce phénomène. Les téléphones portables, via des applications de gestion centralisée ou de monitoring, sont devenus le prolongement de l’espace travail jusque dans le domicile des professionnels. Le gazon n’est jamais très loin. Parfois dans la poche, souvent sous les yeux, tout le temps dans la tête. Il n’y a plus besoin d’être physiquement présent sur son parcours ou son terrain pour être impliqué. Grâce ou à cause de ces objets, l’intendant ou le gestionnaire ramène un peu de travail à la maison ou en vacances.

Ce dévouement pour ce métier, tantôt admirable tantôt préoccupant, n’est pas sans conséquence. Il est aujourd’hui important de penser à la santé mentale des intendants et des gestionnaires de pelouses. Dépression et burn-out n’arrivent pas qu’aux autres, et s’aérer l’esprit est primordial. Ce n’est pas anodin si, en 2021, la British & International Golf Greenkeepers Association (BIGGA) lançait une enquête sur la santé mentale auprès de plus de 200 greenkeepers. 80 % des répondants déclaraient s’être inquiétés de la santé mentale d’un collègue. Il y a bien sûr d’autres facteurs qui expliquent ces préoccupations (pression, regard des autres, etc.), mais une implication trop excessive peut y contribuer. Si le gazon a parfois besoin de souffler, c’est aussi le cas des personnes qui s’en occupent.

Corentin RICHARD

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