Déconnexion impossible ? La passion a ses raisons… (Gaëtan Lits, Golf du Bois d’Arlon)
Publié le 6 août 2025 à 07h00
Catégorie : Paroles d’experts
Ces dernières semaines, deux articles m’ont profondément interpellé. Celui de Jannes Landkroon, président de la NGA, intitulé « Even op adem », et l’édito de Corentin Richard de Gazon Sport Pro H24 sur la difficulté de « déconnecter » lorsqu’on est intendant. Tous deux abordent, avec sincérité, une réalité que beaucoup d’entre nous vivent au quotidien : ce métier, nous le portons en nous, il fait partie intégrante de qui nous sommes.
Nous avons choisi cette profession par passion. Nous travaillons avec du vivant, avec une météo capricieuse qu’on ne contrôle pas, sur des surfaces exposées aux éléments, à la pression des joueurs, à celle de la direction, à nos propres exigences… Ce n’est pas un simple emploi, c’est une responsabilité continue, parfois écrasante, mais toujours viscérale.
Je me suis souvent posé la question : est-il réellement possible de couper complètement ? Et honnêtement, ma réponse est non. Même en vacances, même en week-end, même quand le téléphone est éteint. La tête, elle, ne l’est jamais vraiment…
Et quand, en plus, on vit sur site, comme c’est mon cas, la frontière entre vie professionnelle et vie personnelle devient presque inexistante. Il y a toujours une machine qui tourne, un tuyau qui lâche, un orage qui approche… C’est confortable pour réagir vite, mais aussi un piège pour ne jamais vraiment décrocher.
Les applications sur notre smartphone que nous utilisons au quotidien renforcent encore cette connexion permanente. Depuis celui-ci, je peux gérer l’arrosage, surveiller l’activité des robots, consulter les départs du jour… Toutes ces applications nous facilitent la vie, mais elles rendent aussi la déconnexion encore plus difficile. Peu importe où je me trouve : le terrain est toujours avec moi, présent, en poche.
En plus de mes responsabilités sur le terrain, je suis également actif dans la G.A.B. et à la fédération (l’AFGOLF), où je représente les professionnels de terrain. Je le fais avec plaisir, par engagement pour notre métier, mais cela ajoute encore une couche à cette impression d’être sans cesse « connecté ».
Il m’est arrivé, moi aussi, de connaître des moments de rupture. Je pense notamment à cette nuit où un orage s’est abattu sur le parcours. En quelques minutes, une grande partie de notre travail a été détruite. L’orage avait laissé derrière lui un terrain dévasté, avec beaucoup de réparations à prévoir… Ce genre d’épisode laisse des traces. On encaisse, on avance, mais il devient difficile de rester totalement serein.
Heureusement, je ne suis pas seul. J’ai un assistant sur qui je peux vraiment compter… et une équipe incroyable ! Et j’ai la chance d’avoir à mes côtés une compagne compréhensive, patiente, présente.
Alors comment faire ? Comment rester passionné sans s’épuiser ?
Je crois qu’il faut d’abord accepter que l’on ne peut pas tout contrôler. Ensuite, apprendre à se préserver, à se fixer des limites, même si elles ne seront jamais parfaites. S’entourer, échanger avec nos collègues, oser dire quand ça ne va pas. La passion ne doit pas devenir une prison.
Je remercie Jannes et Corentin d’avoir ouvert la voie à cette discussion. Oui, il est difficile de déconnecter, mais en parler, c’est déjà relâcher un peu la pression.
Prenons soin de nos parcours, mais surtout, prenons soin de nous.