Comment l’Hippodrome de Pau a réduit ses chutes en 10 ans ?
Publié le 6 juin 2025 à 07h00
Catégorie : Actualités
En 10 ans, l’Hippodrome de Pau a drastiquement réduit le taux de chute dans ses courses. Justine Perchat, cheffe de piste, nous explique la stratégie menée depuis quelques années pour assurer une sécurité constante sur les pistes paloises.
Dans le monde des courses hippiques, l’aspect sécuritaire prime. Garantir une piste confortable et peu dangereuse est le but principal de l’équipe terrain. Avec les trois disciplines de l’obstacle au programme chaque saison (Haies, Steeple-Chase et Cross-Country), l’Hippodrome de Pau a pendant longtemps été confronté à un taux de chute élevé. Mais aujourd’hui, il atteint des résultats remarquables. Le fruit d’une stratégie rigoureuse et d’investissements ciblés que nous explique Justine Perchat, la cheffe des pistes béarnaises.
Quand les chutes faisaient partie du décor
L’Hippodrome de Pau présente la particularité d’accueillir les trois disciplines de l’obstacle. Chacune présente des particularités techniques et de vitesse. Historiquement et statistiquement, le cross est la discipline avec le plus de chute en raison de sa technicité. A Pau, le taux de chute des courses de Cross-Country il y a 10 ans était de 32,11 %.
Steeple Chase et Haies présentaient respectivement 12,67% et 7,94% de chutes il y a 10 ans contre 6,12% et 3,92% lors du dernier meeting. Les conditions climatiques relatives au calendrier des courses n’y est pas étranger. « Les courses l’hiver à Pau, c’est vivre le sport avec des conditions météorologiques compliquées : pluie, gel. 27 réunions de courses en deux mois et demi de meeting c’est rude pour n’importe quel terrain. Un constat prédomine si on remonte 10 ans plus tôt. Pau faisait partie des hippodromes avec le plus de chutes à l’obstacle. Ceci s’explique par deux éléments : un parc d’obstacles vieillissant et des zones problématiques (appels et réceptions des obstacles et zones de croisement de piste) », explique Justine Perchat.
Pour améliorer la qualité générale de la piste, l’Hippodrome de Pau engage des travaux sur plusieurs années afin de rénover les obstacles. « L’objectif des équipes techniques est de jouer sur les leviers qu’ils peuvent maitriser : amélioration de la résilience de la piste, augmentation de la densité du couvert végétal et enracinement, récupération de la planimétrie, travail du sol régulier pour proposer des pistes régulières, propreté et soin des obstacles etc. », poursuit la cheffe de pistes.
Quand la data guide l’entretien des pistes
La première étape pour redresser la situation a été la collecte de données sur chaque réunion de courses. De cette manière, les zones problématiques ont pu être ciblées et des solutions trouvées pour réduire le nombre de chute. « Chaque chute a été analysée et continue de l’être pour améliorer continuellement nos installations. Depuis cette période, des travaux ont été engagés pour diminuer les chutes sur chaque discipline en passant par des investissements en termes de matériaux sur les obstacles et de machines performantes pour le travail des pistes », explique-t-elle.
Grâce à parc matériel étoffé, l’équipe d’entretien travaille régulièrement la piste avec des opérations mécaniques. Plus particulièrement les appels et réceptions ainsi que les zones de croisement. « Un travail différencié a été mis en place sur ces zones pour y améliorer la souplesse, le drainage et la couverture végétale », ajoute Justine Perchat. Avec l’objectif que ces zones se dégradent de moins en moins pendant le meeting.
Outre le travail mécanique des pistes, la réfection des obstacles a également permis de réduire le nombre de chute. Certains obstacles ont été recalibrés, des matériaux comme le métal et le bois ont été remplacés par des matériaux plus souples et visibles pour les chevaux. Enfin la mise en place d’un système de cordage a participé à la préservation de la piste tout au long du meeting également.

Des actions menées les jours de course
Si réduire le nombre de chute passe nécessairement par un travail d’anticipation et de prévention, la réparation des pistes et leur surveillance lors des jours de course sont également importantes.
Le bouchage des pistes est primordial pour récupérer la planimétrie de la piste entre les courses et limiter les chutes. Pour cela, il est nécessaire de surveiller attentivement les pistes, un travail minutieux qui demande beaucoup de temps. « C’est un élément sur lequel l’hippodrome de Pau a particulièrement travaillé. Il fallait y consacrer plus de temps et s’y appliquer davantage avec des équipes qualifiées et conscientes de l’importance de ce travail. C’est une mission que nous suivons tout au long de la saison de courses. La remise en état des appels et réceptions des obstacles se fait également entre chaque passage de chevaux (6 à 8 courses d’obstacles par réunion) », indique la cheffe de piste.
Par ailleurs, chaque réunion se déroule sous la supervision continue de vétérinaires, d’un service médical d’urgence et d’équipes spécialisées, prêtes à intervenir instantanément en cas d’incident, qu’il s’agisse de sécuriser une zone, de dévier un parcours ou de récupérer un cheval en liberté.
Au-delà de la surveillance des pistes, les retours faits par les socioprofessionnels sont très importants pour l’équipe terrain. Ils permettent d’orienter les travaux à venir. « Ce sont surtout les retours sur le ressenti des jockeys qui nous guident puisqu’ils sont les premiers à constater les problématiques et ensuite l’efficacité des changements opérés sur les obstacles pour le bon déroulement des courses. Aujourd’hui les retours sont très positifs quant à la qualité de nos pistes et de nos obstacles. Nous souhaitons également continuer la communication hors saison sur les travaux que nous effectuons pour l’amélioration de nos infrastructures », explique Justine Perchat.
Des chiffres très encourageants
Baisse du taux de chutes en 10 ans :
- Haies : de 7,94 % à 3,92 %
- Steeple-Chase : de 12,67 % à 6,12 %
- Cross-Country : de 32,11 % à 2,60 %

Malgré des chiffres très prometteurs, l’objectif de l’équipe est de tendre vers le 0 % de chute, même si « le risque zéro n’existe pas, comme dans d’autres sports ». Chaque saison et évènement météorologique (fortes pluies, sécheresse) guident leurs actions en analysant les réponses du terrain, et surtout en période de course. « La vigilance est bien évidement renforcée pendant la saison de courses lorsque le froid fait son apparition. Des sondes de température du sol nous permettent de déclencher si besoin des opérations de bâchage sur les appels et réceptions des obstacles et les zones de croisement pour réduire la prise du gel sur les zones dégarnies », conclut Justine Perchat.
