Les 48H du Gazon Sport Pro : La profession en quête de considération

Catégorie : Pratiques

S’il fallait identifier un fil rouge à cette troisième édition des 48H du Gazon, ce serait sans doute le déficit de reconnaissance dont pâtissent les intendants de terrains de sport, ce alors que ces professionnels endurent différentes formes de pression : médiatique, économique, climatique, politique, sociétale…

Comme le dit l’adage, « ça va mieux en le disant » ! À des degrés divers, les intendants de terrains de sport ont besoin d’être entendus. Pour être plus précis, ce sont surtout les greenkeepers qui se sont ouverts de ce manque de considération au cours de ces deux journées de conférences. Steve Isaac, Directeur technique et environnement du Royal & Ancient, n’a pas manqué de le souligner au cours de son intervention sur le programme Golf Course 2030 :

« Dans beaucoup de pays, les greenkeepers ne sont pas reconnus pour leurs compétences. Alors même qu’ils méritent le respect ! »

Pour Steeve Isaac – rejoint par plusieurs autres grands témoins de ces 48h – les directeurs de golf devraient plus volontiers s’en remettre à leur greenkeeper. Notamment sur la question des moyens qui sont mis à leur disposition pour assurer l’entretien des parcours. Or ces moyens ne sont pas toujours suffisants. Steeve Isaac érige ainsi le réalisme en vertu cardinale :

« Il n’est pas bon de viser trop haut si les moyens humains et matériels ne sont pas en adéquation avec les objectifs. »

Car lorsque les moyens s’avèrent insuffisants, devoir faire « plus avec moins » se traduit par un résultat pourtant prévisible et malheureusement fréquent : un regain de stress pour le professionnel, qui peut laisser la place à un stress chronique, avec des conséquences néfastes, au plan physique comme psychologique. L’un des moments forts de ces 48H restera sans doute le témoignage de Michel Davie, titre, qui a fait part son histoire personnelle. Mettant le doigt sur les facteurs qui ont mis une pression plus importante sur les épaules des greenkeepers britanniques (montée en puissance des réseaux sociaux et de la pression médiatique, recrudescence de la concurrence entre golfs, manque de considération de certains joueurs pour le travail des greenkeepers et jardiniers…), le technicien a évoqué son burn out, survenu en 2015, causé par un isolement trop important :

« J’avais l’impression d’être une île [isolé de tout]… Mais j’ai réalisé que je n’étais pas seul dans mon cas et que ce n’était pas de la faiblesse d’admettre que j’avais besoin d’aide. »

Après avoir su trouver de l’aide, Michel Davie a à son tour incité les professionnels souffrant de stress à briser la solitude, via sa page Facebook privée créée à cet effet. Surmonter son burn out a d’ailleurs permis à Michel Davie de se faire entendre par sa direction quant au manque de moyens mis à sa disposition, le club reconnaissant que des investissements étaient nécessaires.

Dans un autre registre, Stéphane Rouen, gérant de GK Consult, a distillé une suggestion aux directeurs de golf : la journée de fermeture hebdomadaire.

« Un jour de fermeture régulièrement – pourquoi pas une fois par semaine – changerait pas mal de choses. Ce serait LA solution économiquement viable. Notamment pour les sablages ou pour respecter les délais de rentrée lors de l’application de produits phytopharmaceutiques. »

Mais pour qu’une telle disposition soit prise, il faudrait des clubs voisins se coordonnent afin que chacun puisse fermer un jour différent, comme le suggère Raymond Garouste, superintendant du golf d’Ascona. Et ce dernier d’inciter à son tour ses confrères à prendre des initiatives :

« J’encourage les greenkeepers à discuter avec leur directeur. »

Le dialogue sera également nécessaire entre la filière terrains de sports et les pouvoirs publics, dans le cadre d’une réduction progressive du recours aux produits phytopharmaceutiques. Stéphane Rouen émet une forme de mise en garde :

« J’espère qu’en France, on anticipera un peu plus qu’en Wallonie, pour ne pas passer du jour au lendemain de la lumière à l’obscurité ! ».

Référence à la situation qui vaut outre-Quiévrain, et dont a pu faire état Frédéric Cahay, superintendant du golf de Naxhelet et du centre de Tubize. Pour ce dernier, faire de l’entretien sans recourir aux produits phytosanitaires est possible…sous conditions, notamment via l’échange de connaissances et de bonnes pratiques avec ses collègues français. Tandis que Rémy Dorbeau, directeur du Golf de Chantilly, a rappelé l’importance pour la filière « gazon sportif » de se fédérer, afin d’aménager une période transitoire en concertation avec les pouvoirs publics.

redaction.gsph24atprofieldevents.com (Idir Zebboudj)

crédit photo : Andrea Regazzi

A venir au cours des prochaines semaines, de nombreuses vidéos avec les principaux acteurs des 48H du Gazon Sport Pro.

Rédaction GSPH24

Visitez nos
autres sites