Toopi Organics : De l’urine comme biostimulant

Catégorie : Actualités

Faire de l’urine un milieu fermentaire et s’en servir de biostimulant, c’est l’idée folle qu’a eu Michael Roes, créateur de Toopi Organics. Si la start-up girondine cible avant tout le secteur agricole, elle devrait rapidement se tourner vers le marché des terrains de sport comme nous l’explique Julien Saludas, le directeur R&D de l’entreprise.

L'entreprise Toopi Organics valorise l'urine humaine en l'utilisant comme milieu fermentaire.

Pouvez-vous présenter le principe de Toopi Organics ? D’où est venue cette idée ?

Julien Saludas : C’est avant tout l’histoire d’un fondateur, Michael Roes, qui avait une petite entreprise de fabrication de biostimulants en fermentant des végétaux. Il s’est aperçu, lorsqu’il achetait des milieux de cultures fermentaires, que leur composition était très proche de celle de l’urine. Il a donc essayé de faire fermenter ses extraits végétaux avec de l’urine, et le résultat était concluant. Il s’avère que, dans la littérature scientifique, personne dans le monde n’avait eu cette idée. Nous sommes les premiers à utiliser l’urine brute pour faire de la fermentation qui ensuite produit des molécules d’intérêt.

Quelles sont les spécificités de votre produit ?

JS : L’urine est un milieu nutritif qui n’est pas utilisé comme tel pour les plantes. Nous utilisons les nutriments qu’il y a dans l’urine (notamment l’azote, le phosphore et le potassium). Plutôt que d’alimenter les plantes par les nutriments de l’urine (ce qui nécessiterait des quantités astronomiques d’urine), nous alimentons des micro-organismes qui vont à leur tour aider les plantes à se nourrir.
Plusieurs brevets existent pour valoriser l’urine afin d’en extraire les minéraux, mais le processus est très couteux en énergie et peu viable économiquement. A l’inverse, notre procédé est basé sur la fermentation, et nous nous sommes rendu compte que bon nombre de milieu fermentaires utilisés dans les biotechnologies peuvent être remplacés par de l’urine humaine. Au vu du nombre de produits fabriqués par fermentation (antibiotiques, pigments, acides organiques, etc.), le champ des possibles est assez incroyable.

Beaucoup de biosolutions agricoles du marché sont produites à partir de micro-organismes qui ont soit la faculté de lutter contre des agents pathogènes, soit d’avoir des fonctions nutritives pour la plante en l’aidant à accéder à des ressources. Nous produisons ce type de produit mais nous le faisons à partir d’urine humaine.

Concernant la collecte d’urine, nous avons trois principaux flux : l’événementiel (festivals), les aires d’autoroute et les ERP (établissements recevant du public) comme les lycées, grands bâtiments publics ou privés et les stades. Nous avons plusieurs contacts avec des stades.

 

Quid de la commercialisation de vos produits ?

JS : Aujourd’hui, nous avons un produit fini dont l’autorisation de mise en marché est imminente. Cette première solution vise plutôt l’implantation et le début de cycle de la plante, mais elle est aussi adaptée aux gazons sportifs professionnels.

Vous avez commencé par vous implanter dans le monde agricole, le monde gazon sport pro est-il la suite pour vous ?

JS : Le sujet greenkeeper et espaces verts nous intéresse pour deux raisons. D’abord parce que les stades font partie de nos cibles au niveau de la collecte d’urine, puis parce qu’ils peuvent être un domaine de valorisation pour nos biostimulants et biofertilisants. Nous pourrions difficilement faire plus court comme circuit avec une urine récoltée au stade et valorisée sur la pelouse de ce même stade. Depuis peu, nous nous intéressons aux maladies du gazon (pyriculariose, dollar spot et fusariose nivale), avec un produit qui sera davantage à vocation biocontrôle.

Corentin RICHARD

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