Stade Marcel-Michelin : Un terrain d'honneur en Zéro Phyto

Catégorie : Pratiques

Le Stade Marcel-Michelin de l’ASM Clermont Auvergne présente l’une des plus belles pelouses du Top 14. Pourtant, elle ne reçoit plus aucun produit phytosanitaire depuis près de 4 ans. Nous sommes allés rencontrer Jean-Luc Loignon, le directeur administratif du club, et François Pujo, l’intendant chargé de l’entretien du terrain, pour en savoir plus sur cette pelouse singulière.

Le stade de l’ASM Clermont Auvergne ne fait pas son âge ! Construit en 1911 par Marcel Michelin, le fils de l’inventeur des célèbres pneumatiques dont il a conservé le nom, l’antre de l’ASM ressemble à la plupart des enceintes sportives modernes. Il faut dire qu’il a fait l’objet ses 10 dernières années d’investissements importants de la part du club auvergnat : création du nouveau centre d’entraînement attenant en 2015, aménagement de la tribune Phliponeau Basse et réfection des deux terrains en 2016, mise en place d’un nouvel éclairage LED en 2020. « Depuis 2007, date de mon arrivée, nous devons être entre 32 et 34 millions d’euros de travaux », nous confie Jean-Luc Loignon, le directeur administratif de l’ASM qui gère notamment le stade et l’entretien des terrains (ndlr : il fait d’ailleurs partie de la commission Stades de la LNR depuis une quinzaine d’années). « Mais c’est un stade où il n’y a pas 1 euro d’argent public », tient-il à préciser.

120 à 130 000 euros d’entretien par terrain

Jean-Luc Loignon, le directeur administratif de l'ASM

Le club est en effet quasi-propriétaire du stade : si le terrain appartient toujours à l’entreprise Michelin, l’ASM possède un bail à construction, assez similaire à un bail emphytéotique à la seule différence que le « preneur s’engage à procéder à l’édification de constructions sur le terrain du bailleur et à les conserver en bon état d’entretien ». « Le coût annuel total de ce stade de 20 000 places est de près de 3 millions d’euros avec le remboursement des emprunts, auquel il faut rajouter environ 1 million pour le centre d’entrainement », détaille le gestionnaire. « Du côté de l’entretien des deux terrains naturels renforcés, nous sommes environ à 120-130 000 € annuel par terrain. D’après les échanges avec mes confrères, ces coûts de maintenance correspondent aux coûts classiques pour maintenir ces pelouses au très haut niveau. »

Le terrain d’honneur sert majoritairement pour les matchs du TOP 14, mais il accueille aussi quelques matchs des Espoirs, des Féminines, des tournois de jeunes… « Cette technologie renforcée permet en effet d’avoir une occupation du terrain beaucoup plus forte », explique Monsieur Loignon. « Depuis quelques années, nous accueillons aussi dans cette enceinte d’autres types d’évènements comme des concerts, des supercross… Ces manifestations se déroulement généralement durant les phases de rénovation annuelle du terrain. »

Le passage à l’hybride

Historiquement, la pelouse naturelle de l’ASM a toujours été de très bonne qualité. Son état s’est cependant dégradé à la suite de la construction des tribunes d’en-but. Ce phénomène s’est encore amplifié en 2011 avec la fermeture des angles du stade, qui a modifié les conditions au niveau de la pelouse (l’aération, l’évapotranspiration, la lumière). « Nous avons passé des années très difficiles, à maintenir une pelouse à un bon niveau mais avec des coûts qui n’ont rien à voir même avec les coûts actuels », admet le directeur administratif. Ces difficultés ont poussé le club à abandonner l’entretien en interne du terrain au profit d’un prestataire externe plus expérimenté, en l’occurrence la société Idverde et sa branche terrains de sport Intergreen.

L’une des premières opérations réalisées pour améliorer la pelouse a été la pose de câbles électriques chauffants sous le tapis végétal en 2013. Le club a fait appel à la société Omerin, l’un de ses partenaires locaux numéro 1 mondial des câbles de sécurité qui a développé cette solution spécifiquement pour l’ASM.

Mais le tournant est véritablement pris en 2016 avec la réfection complète des terrains d’honneur et d’entraînement. Le terrain d’honneur passe sur la technologie hybride GrassMaster alors que le terrain d’entraînement reçoit, lui, le procédé hybride Mixto, qu’Idverde vient de breveter et souhaite tester sur un terrain de haut niveau. Les travaux réalisés par le prestataire en place se sont chiffrés à près d’1,5 million. « C’était un pari de partir sur deux technologies différentes », concède le gestionnaire, « mais aujourd’hui on peut dire que c’est un pari réussi ! Grâce à un entretien adapté et différencié de la part des jardiniers, les deux terrains répondent de manière identique. » Un membre du staff croisé sur le stade nous a confirmé que les joueurs rencontraient les mêmes conditions de jeu sur les deux terrains (souplesse, rebond du ballon…) malgré leur conception différente.

Une approche écologique

Le club est dans une approche plus respectueuse de l’environnement. Au niveau de l’arrosage, les cycles ont aussi été revus, avec des arrosages plus fréquents mais avec une pluviométrie moindre, ce qui permet de réduire les volumes consommés. Côté chauffage, il est en route d’octobre à mars en général, avec une température en profondeur de 6 à 7°C, suffisante pour maintenir la pelouse (à noter qu’il s’arrête automatiquement quand le stade est éclairé. Actuellement, la question se pose de chauffer la pelouse avec du chauffage urbain. S’il souhaite se laisser la possibilité de le faire ultérieurement, Jean-Luc Loignon pondère : « Il ne faut pas le faire uniquement pour faire de l’écologie. Les évolutions doivent être faites de manière raisonnée, en tentant de combiner au mieux les intérêts écologiques et économiques. Aujourd’hui, notre système fonctionne bien, nous ne souhaitons pas faire de nouveaux investissements dans l’immédiat. »

D’autant que le Covid a pas mal impacté les recettes du club en 2021. Il a été obligé de réduire ses charges, notamment en reportant les rénovations prévues au niveau des tribunes. « Mais du côté des terrain, nous n’avons rien modifié », précise Jean-Luc Loignon. « Avec ces terrains d’élite, si on réduit l’entretien pendant 1 ou 2 ans, c’est très dur de revenir au haut niveau et les coûts s’additionnent vite. »

L’entretien à proprement parlé

François Pujo, Head Groundsman du Stade Marcel-Michelin de chez Intergreen, détaille dans cette vidéo les opérations réalisées sur le terrain d’honneur :

Le passage en Zéro phyto

Le club et son prestataire ont décidé de s’orienter vers le Zéro Phyto dès 2018. C’est une attaque particulièrement sévère de pyriculariose qui a précipité cette évolution. Jean-Luc Loignon et François Pujo reviennent sur cette transition :

Retrouvez l’article sur le scalpage du terrain d’entrainement en hybride Mixto ICI.

Lucas Sanseverino & Paul Lacoste

Rédaction GSPH24

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