Sécheresse : Un rapport interministériel pointe du doigt les golfs et l’accord-cadre

Catégorie : Actualités

L’IGEDD (Inspection générale de l’Environnement et du Développement durable) a publié le 12 avril 2023 un rapport sur le retour d’expérience sur la gestion de l’eau lors de la sécheresse 2022, seulement quelques jours après l’annonce en détails du Plan d’action pour une gestion de l’eau résiliente et concertée du Gouvernement. La gestion de l’eau des golfs y est notamment pointée du doigt.

Quelques jours seulement après la publication du Plan d’action pour une gestion résiliente et concertée de la ressource en eau du Gouvernement, un autre document officiel a été rendu public et aborde la sécheresse en France. En effet, l’IGEDD (Inspection générale de l’Environnement et du Développement durable) a publié le 12 avril 2023 un rapport sur la gestion de l’eau lors de la sécheresse 2022. Ce rapport, fruit d’un travail interministériel, a pour mission de formuler des « recommandations pour améliorer la gestion pluriannuelle de ces épisodes de sécheresse, connaître en temps réel les impacts et les réduire, et enfin objectiver les enjeux de partage et prévenir les conflits d’usages de l’eau. » Au total, les auteurs formulent 18 recommandations. Ils rappellent également que « seules des politiques de transformation de nos usages de l’eau dans la durée permettront d’éviter les ruptures brutales ».

Le golf épinglé, l’accord-cadre dans le viseur

Au sein de ce retour d’expérience, la filière golfique est nommée à plusieurs reprises. L’accord-cadre « Golfs et environnement 2019-2024 » est notamment pointée du doigt et la dérogation autorisant l’arrosage des greens des golfs en situation de crise jugée peu « compréhensible ». En somme, les auteurs estiment que cet accord-cadre ne devrait pas suffire à justifier une dérogation pour arroser et attendent une contrepartie plus cohérente. « La mission estime que cette dérogation n’est pas compréhensible, et ne peut se justifier par la seule existence de cet accord, dont le bilan à ce jour est modeste (d’après la fédération française des golfs, la consommation d’eau totale de ces installations a augmenté de 2% depuis 2010). Le maintien de ce type d’aménagement ne pourrait se justifier qu’en contrepartie d’un engagement a minima cohérent avec la trajectoire de réduction des prélèvements fixée par les assises de l’eau dont les résultats feraient l’objet d’un suivi régulier, et par l’installation systématique de capacités de stockage des eaux de pluie voire de réutilisation d’eaux usées », peut-on lire.

Jugée trop « laxiste » concernant les golfs, la stratégie de gestion de crise doit être modifiée selon les auteurs. Ces derniers relèvent également le sentiment d’iniquité de traitement qui a pu animer certaines activités économiques, forcées à l’arrêt total, tandis que d’autres ont pu continuer d’exercer et d’arroser. « Les efforts demandés aux agriculteurs irrigants leur ont parfois semblé disproportionnés par rapport à ceux demandés aux gérants des golfs, dont l’activité reste du domaine du loisir, ou aux propriétaires de piscines privées. L’importance d’un match sur pelouse ou d’une course hippique peut paraître relative malgré le coût de remise en état d’un terrain de football, pour une petite collectivité au budget modeste », illustrent-ils.

Le golf n’est pas le seul sport dont la gestion de l’eau et les dérogations accordés sont remis en question. Le groupe de travail constate que « parallèlement, une dérogation obtenue par un club de football de niveau national, en contrepartie d’engagements précis, chiffrés, budgétés et programmés, n’a pas fait l’objet de communication par la préfecture concernée, par crainte de réactions difficiles à gérer et consommatrices de temps dans une période chargée, et en l’absence de cadre national ». La mission propose, dans son Annexe 7, de préciser le guide concernant ces dérogations, chronophages et source de polémiques.

 

Annexe 7. Propositions d’ajustements du guide national des sécheresses

            Annexe 7.1.7 Mesures de restrictions

La lisibilité des mesures reste à parfaire et à mieux encadrer au niveau national :

Infrastructures sportives : discussion à mener avec le ministère des sports pour qualifier les compétitions à enjeu national ou international (terrains de sport enherbés et homologués, hippodromes, aires d’évolutions équestres, centres équestres). 
Golfs : suppression de la dérogation d’arrosage des greens en période de crise (cf. absence de progrès de la filière sur les consommations d’eau) dans l’attente d’un accord volontaire avec trajectoire et objectifs chiffrés, et de l’équipement de la profession en techniques moins consommatrices d’eau. 

 

Autre recommandation édictée par la mission : celle d’établir des feuilles de route d’économie d’eau pour chaque filière. Celles-ci devront être élaborées par les acteurs de la filière, invités par le ministère en charge, et en fonction des références de bonnes pratiques s’il y en a. La mission précise que ces feuilles de route pourraient compléter des exercices déjà existants, en l’occurrence pour le golf l’accord national « Golf et environnement », qui « ne dispose pas encore d’objectifs chiffrés en la matière ».

 

Retrouvez le rapport complet en cliquant ICI

Corentin RICHARD

Visitez nos
autres sites