Phytos : extension des interdictions au 1er juillet 2022

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Depuis le 1er juillet, la règlementation concernant l’usage des produits phytosanitaires s’est encore durcie. Les terrains de sport sont-ils concernés ? Quels sont les produits interdits ? On fait le point sur la règlementation.

L’arrêté du 15 janvier 2021 étend depuis le 1er juillet 2022 l’interdiction d’utilisation de produits phytosanitaires aux habitations et aux lieux fréquentés par le public ou à usage collectif – que ces lieux appartiennent à des structures publiques ou privées et soient fréquentés par des résidents, des usagers, des élèves, des employés, des patients, des clients… Tous les gestionnaires de JEVI sont donc désormais concernés, y compris les entreprises du paysage applicatrices.

Le Zéro Phyto étendu aux habitations et lieux ouverts au public

L’interdiction concerne désormais les propriétés privées, hôtels et campings, parcs résidentiels et de loisirs, parcs d’attraction, entreprises, zones de commerce et d’activités de service, établissements d’enseignement, établissements de santé, EHPAD, établissements sociaux et médico-sociaux, crèches, haltes-garderies, jardins familiaux, aérodromes et les terrains de sport ne bénéficiant pas d’une dérogation.
Cet arrêté vient compléter la loi Labbé qui interdisait depuis le 1er janvier 2017 aux collectivités l’utilisation de ces produits sur les voiries, espaces verts, lieux de promenades et forêts ouverts ou accessible au public. Le 1er janvier 2019, c’était au tour des particuliers de se voir interdire leur usage.

Quid des terrains de sport ?

Seuls certains équipements sportifs bénéficient d’une dérogation jusqu’au 1er janvier 2025. C’est le cas notamment :
• Des terrains de grands jeux, les pistes d’hippodromes et les terrains de tennis sur gazon dont l’accès est réglementé, maîtrisé et réservé aux utilisateurs.
• Des golfs et les practices de golf, pour les départs, les fairways et les greens.

Contacté par la rédaction, Ollivier Dours, le responsable R&D au sein de l’Institut Ecoumène-AGREF, explique que les roughs sont concernés par cet arrêté d’interdiction.  » Cette mesure, associée à la gestion différenciée des roughs (réduction des fréquences de passages, fauche tardive…) prônée par la FFG, contribue à la préservation de ces zones qui constituent des réservoirs de biodiversité importants sur les golfs (notamment pour les insectes pollinisateurs, les lépidoptères et les arthropodes) « , détaille-t-il. En bon connaisseur des intendants, il se montre toutefois inquiet quant aux conséquences négatives possibles de l’arrêté :  » Il ne faudrait pas qu’il conduise à une réduction des surfaces de roughs pour se « simplifier » l’entretien. « 

Crédit Golf de Chantilly

L’expert précise que les semi-roughs joueront un rôle clé dans le bon fonctionnement de l’ensemble : «  Les semi-roughs constituent une zone de transition : d’un côté ils protègent les roughs, et leur faune associée, des dérives éventuelles des produits phytosanitaires utilisés pour la protection des fairways ; de l’autre, ils protègent les fairways des bio-agresseurs issus des roughs (plantes invasives, ravageurs, faune, maladies…). L’emprise des semi-roughs n’est pas standardisée ou définie dans le cadre du Zéro Phyto. Les intendants adaptent ainsi leur gestion au cas par cas en fonction des situations, en tenant compte de leur connaissance du parcours et de l’aspect golfique. Pour simplifier, si le fairway se situe à bonne distance du rough, ils ne vont pas traiter le semi-rough ; par contre, si le fairway est très proche du rough, le semi- rough sera traité pour protéger le fairway. Un plan reprenant le tracé de toutes ces zones a une certaine utilité. « 

Quels sont les produits interdits ?

Cette interdiction ne concerne que les produits phytosanitaires chimiques de synthèse. Les produits autorisés en agriculture biologique, les produits de biocontrôle et les produits à faibles risques restent donc utilisables sur l’ensemble de ces sites.

 » L’interdiction de traitement au niveau des roughs va surtout concerner les herbicides sélectifs « , précise Ollivier Dours. Il rappelle que les terrains de sport pourront toujours utilisés, après 2025, les produits phytosanitaires inscrits dans une liste établie conjointement avec les ministres de l’Agriculture et celui de la Transition écologique, en fonction des « usages (…) pour lesquels aucune solution technique alternative ne permet d’obtenir la qualité requise dans le cadre des compétitions officielles » (article 14-4 alinéa 3° de l’arrêté) et dans le cadre de la lutte contre les bioagresseurs invasifs d’origine exotiques (par exemple les adventices invasives, le Pyricularia oryzae, le Popillia japonica…).

Les autres leviers de réduction

Ollivier Dours tient à préciser que l’ensemble de la filière golf (FFG, Agref, intendants greenkeepers…) travaille depuis plusieurs années à la réduction des produits phytosanitaires sur les parcours. Et que cette diminution passera aussi par un travail sur le choix de l’espèce la mieux adaptée à son emprise, le raisonnement de la fertilisation (notamment en sortie d’hiver), la mise à disposition d’Outils d’Aide à la Décision (ou OAD) ou encore la R&D menée autour des technologiques de pointe comme le NDVI (analyse multispectrale des gazons) et les façons culturales.  » C’est l’ensemble de ces leviers qui vont permettre de limiter l’utilisation des produits phytos sur les golfs « , conclut-il.

Rédaction GSPH24

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