Le Golf La Rochelle Sud atteint l’excellence en protection de la biodiversité

Le Golf La Rochelle Sud est devenu le premier golf en France, avec Terre Blanche, à recevoir le Label Or du Label Golf pour la Biodiversité. Son directeur, Robert Eugène, également membre du Comité Stratégique de la Transition Ecologique du Golf à la ffgolf et Ambassadeur de la transition écologique pour la ligue Nouvelle Aquitaine, revient sur cet engagement et sur ce qui a été mis en place pour y parvenir.

Parmi les quelques 200 golfs français ayant rejoint le Programme Golf pour la Biodiversité (PGB) mis en place par la Fédération française de golf avec l’appui scientifique et technique du Muséum national d’Histoire naturelle, aucun n’avait pour l’heure atteint le Label Or. C’est désormais chose faite, et les deux premiers golfs à y être parvenu sont le Golf Terre Blanche et le Golf La Rochelle Sud. Le chemin a été long pour y arriver, mais cette reconnaissance pourrait ouvrir la voie à d’autres golfs qui ont décidé de considérer la biodiversité comme partie intégrante de ce sport.

Pour rappel, le Programme & Label a pour objectif d’améliorer la connaissance, la gestion et la conservation de la biodiversité au sein des espaces golfiques et d’y sensibiliser les golfeurs. Les golfs qui rejoignent le Programme peuvent être labellisés Bronze, Argent ou Or en fonction des actions mises en place en faveur de la biodiversité.

Chronologie d’un long chemin vers le Label Or

Au Golf La Rochelle Sud, la pratique du golf et son ancrage au sein du territoire sont indissociables de la biodiversité. La philosophie du golf dirigé par Robert Eugène, également membre du Comité Stratégique de la Transition Ecologique du Golf à la ffgolf et Ambassadeur de la transition écologique pour la ligue Nouvelle Aquitaine, est de faire cohabiter des golfeurs passionnés, des visiteurs et une multitude d’êtres, des plus petites plantes « aux genettes qui parcourent nos parcours la nuit ». En d’autres termes, la pierre angulaire de ce golf repose sur le vivre ensemble, et cela passe nécessairement par vivre avec son environnement et les espèces qui le composent. Et à La Rochelle Sud, il y en a beaucoup.

En 2018, le Golf La Rochelle Sud obtient le Label Argent. Cinq ans plus tard, il postule au Label Or. Le chemin vers la labellisation Or prend du temps, naturellement. « Il faut laisser le temps à la nature d’intégrer les nouveaux habitats mis en place », indique le directeur du golf, tout en précisant qu’être labellisé Argent est une condition sine qua non à l’obtention de l’Or.

« A partir de cette base, un premier inventaire IQE (Indice de Qualité Environnementale) a été réalisé 5 ans avant l’obtention de l’Argent. Cet inventaire IQE est bien différent de celui demandé pour le Bronze : il répertorie toutes les espèces présentes sur site mais également tous les habitats, micro-habitats ainsi que les bioindicateurs », explique Robert Eugène. Un bioindicateur est un organisme qui, par sa présence ou son état, renseigne sur les caractéristiques écologiques d’un écosystème. Parmi eux, nous retrouvons notamment les chauves-souris, les insectes orthoptères (grillons, sauterelles), les odonates (libellules), etc. Dès lors que les bioindicateurs sont recensés, la structure naturaliste livre plusieurs préconisations afin d’améliorer le potentiel de biodiversité du golf.

Pour obtenir le Label Argent, le golf doit appliquer 5 préconisations. En parallèle, un volet sensibilisation, aussi bien pérenne que ponctuelle, sur la biodiversité doit être mis en place sur le site. La sensibilisation des salariés du golf est également un attendu du Label Argent.

A partir du moment où le golf postule à l’Or, il doit réaliser un nouvel inventaire IQE d’où plusieurs préconisations découleront. A la différence de l’Argent, pour l’Or, il faut réaliser l’intégralité des préconisations. Le golf doit également proposer aux instances qui ont historiquement co-construit le Label (ffgolf, Muséum national d’Histoire naturelle, PatriNat…) un projet de R&D en faveur de la biodiversité. Le Golf La Rochelle Sud a choisi de présenter le projet PictaGraine (voir encadré). Le golf doit également mettre en place une action en faveur de la biodiversité en collaboration avec les acteurs du territoire et accompagner d’autres clubs dans les démarches du Label. Evidemment, les actions de sensibilisation (pratiquants, salariés, etc.) sont un attendu du Label Or.

Les préconisations respectées par le Golf La Rochelle Sud :

• • Installation de perchoirs à rapaces
  • Installation d’un nid à cigogne
  • Construction de mares et de micro-habitats à proximité
  • Favoriser l’accueil des oiseaux sur les pièces d’eau
  • Renforcement de la trame verte, une Plantation ouverte à tous
  • Parcelle conservatoire des messicoles
  • Gestion différenciée avec export d’une prairie
  • Paillage naturel et arrêt des bâches plastiques
  • Veille et gestion des espèces exotiques envahissantes
  • Création de deux expositions pour la sensibilisation à la protection de la biodiversité

Dès lors que tous les feux sont au vert, deux auditeurs missionnés par la ffgolf (un du milieu du golf, un autre d’une structure naturaliste) vérifient que tous les attendus soient validés. Le 29 mai, le Golf La Rochelle Sud a officiellement obtenu le Label Or pour une durée de 5 ans. Une récompense qui place le golf charentais-maritimes comme locomotive de la préservation de la biodiversité au sein des golfs. « Nous avons ce devoir, en tant que labellisé Or, d’aider les autres golfs à passer ce virage et à s’engager dans le label. J’ai envie que notre filière s’en sorte. Je veux montrer que l’excellence est possible, sur un parcours de golf, sans gruger d’une façon ou d’une autre », ajoute Robert Eugène. Cela permettrait de redorer l’image du golf en France auprès de certains défenseurs de la nature…

Biodiversité, golf et opinion publique

Dans un contexte où les golfs sont fréquemment les cibles d’actes de vandalisme revendiqués par des militants écologistes, la première labellisation Or du Programme Golf pour la Biodiversité pourrait redorer le blason des golfs et apporter des arguments concrets et scientifiques face aux accusations. « Nous nous approchons des 200 golfs ayant réalisé des inventaires. C’est une quantité d’informations énorme sur la biodiversité. Grâce au Programme Golf pour la Biodiversité, nous avons collecté 76 000 données d’espèces de faune et flore et 16 000 données d’habitats naturels ou semi-naturels présents sur les parcours de golf. Clairement aujourd’hui, nous ne pouvons plus parler de désert vert, d’homogénéité de gazon. Nous avons une quantité d’habitats et de micro-habitats qui montrent bien que nos structures ne sont pas dénuées de biodiversité », affirme Robert Eugène.

Ce dernier regrette le manque d’échanges, de contact avec des militants extrêmes qui n’ont pas les connaissances des actions et des engagements de la filière, aucun chiffre exact et aucune connaissance de la biodiversité et des métiers du golf. Si les revendications s’ancrent davantage dans une lutte de classe que dans un combat pour l’environnement selon lui, il n’empêche que les détracteurs ont appuyé sur des questions face auxquelles la filière à apporter des réponses tardives. Et, aujourd’hui, il en va de tout un chacun de contribuer à restaurer la vérité. « Il nous faut récolter des données, et il est important que notre filière prenne conscience que sans nous donner ces chiffres, nous continuerons à apporter de l’eau au moulin de ces extrémistes », reconnait le directeur.

De son côté, le Golf La Rochelle Sud va poursuivre sur cette voie liant protection de l’environnement et pratique du golf. Et bien que la plus grande des reconnaissances vienne d’être acquise, Robert Eugène et ses équipes se donneront pour mission d’entrainer avec eux de nombreux autres golfs dans ce chemin vertueux. C’est un des souhaits de la ffgolf.

Une « grande satisfaction » et une dynamique à préserver pour la ffgolf

Il aura fallu attendre près de 8 ans pour que les premiers Labels Or soient décernés depuis la création du PGB en 2018. Cette première enthousiasme la fédération et apporte encore davantage de poids à cette initiative. « C’est une grande satisfaction de voir d’une part autant de golfs s’engager et d’autre part de voir la concrétisation de 2 Labels Or avec La Rochelle Sud et Terre Blanche, sur deux modèles totalement différents mais qui se rejoignent sur le pan de la protection de la biodiversité », confie Maximilien Lambert, responsable de la Transition Ecologique à la ffgolf.

Avec plus de 200 golfs engagés dans le programme en 2024, les golfs français sont pile dans les temps fixés par la fédération. Le plus dur sera désormais de maintenir le cap. « Notre principal défi va être de maintenir les golfs dans cette dynamique d’engagement. Le label étant valable 5 ans, l’objectif est que les golfs poursuivent leur engagement et leurs efforts au-delà de ces 5 ans », ajoute-t-il. Avec les deux premier Labels Or décernés acquis par deux golfs à la pointe en termes de protection de la biodiversité, la ffgolf espère enclencher une nouvelle dynamique et pousser d’autres structures à aller chercher l’Or ou simplement à s’engager dans le label.