HiPSter, le chariot qui récolte les données en Eredivisie

Catégorie : Recherche & innovation

L’entreprise Holland Innovative a lancé HiPSter, un chariot qui récolte les données afin d’aider les gestionnaires de pelouses sportives à suivre la qualité et la sécurité de leur surface de jeu. L’outil est utilisé par 15 clubs d’Eredivisie.

C’est un chariot qui ressemble étrangement à une tondeuse à gazon traditionnelle. Pourtant, derrière ses 4 roues et sa structure signée « HiPSter » se cache une multitude de capteurs et d’outils destinés à accompagner les gestionnaires de terrains dans l’entretien de leurs pelouses. Derrière ce nom, on retrouve les initiales de l’entreprise Holland Innovative, créée en 2006 par l’ingénieur néerlandais Hans Meeske. Dès 2015, il se retrouve à travailler à la Johan Cruijff Arena afin d’améliorer la qualité du gazon. Sur les terrains de l’Ajax Amsterdam, les jardiniers surveillaient les propriétés du gazon et du sol manuellement à l’aide d’équipements tels que le Clegg hammer et ils lisaient les données de simple thermomètre. Hans Meeske a réfléchi à un moyen de digitaliser et d’automatiser ces tests.

 

Automatiser la récolte de données

Comme en France et ailleurs, les terrains d’Eredivisie (la ligue de football néerlandaise), la KNVB (fédération néerlandaise de football) et les clubs se montrent très exigeants concernant la qualité des pelouses. « Les associations de football essaient d’égaliser autant que possible les conditions dans les différents stades », indique l’ingénieur Hans Meeske dans une interview pour FD. Mais pour être en adéquation avec les exigences, il faut de la précision. Et pour l’ingénieur, les gestionnaires de terrains en manquaient lors de la récolte de données.

Par exemple, pour analyser le taux de ressort du terrain (capacité qu’aura le ballon à rebondir sur la surface), les jardiniers se munissaient d’une grande règle pour estimer à quelle hauteur le ballon lâché par un autre jardinier à deux mètres de hauteur allait rebondir. L’idée de l’ingénieur est simple : numériser la récolte de données afin de réduire la marge d’erreur et réunir tous les instruments de mesure en un seul : HiPSter. Pour cela, les équipes de Holland Innovative conçoivent un outil de mesure qui insère des crampons dans le gazon et effectue une traction rotative, une machine qui mesure le rebond de la balle et d’autres capteurs destinés à récolter des données selon les standards de la FIFA. Le tout dans un charriot aux allures de tondeuse, un look voulu par l’entreprise. « C’est le look que nous recherchions, pour rendre l’apparence et la sensation vraiment familière pour notre public cible », explique Menke Steenbergen, chef de projet pour Holland Innovative.

Les poignets du HiPSter sont rétractables. Ici, elles ont été dépliées à 2 m de hauteur pour le test de rebond.

Comment ça marche ?

Le HiPSter contient trois modules.

Module de test d’impact

  • Dureté (G) (Marteau de Clegg de remplacement)
  • Déformation verticale (mm) (FIFA : Déformation verticale)
  • Restitution énergétique (%) (FIFA : Restitution d’énergie
  • Absorption des chocs (%) (FIFA : Absorption des chocs)

Module de résistance au cisaillement et à la traction

  • Cisaillement (nm) (FIFA : résistance rotationnelle)

Module de chute de balle

  • Rebond de balle (m) (FIFA : Rebond de balle)

La densité de l’herbe (NDVI) et la vitalité de l’herbe (NDRE) sont également mesurées.

 

Sous le capot du HiPSter

L’ensemble des capteurs et outils de mesure sont rassemblés en un chariot qui ressemble à une tondeuse à gazon traditionnelle. Le poids total de la machine est de 60 kg (dont 20 kg pour le testeur d’impact). Il faut entre 45 et 60 minutes à un utilisateur expérimenté pour mesurer un terrain. Les données récoltées sont ensuite envoyées directement au tableau de bord pour être interprétées.

 

 

Le tableau de bord accompagne les hommes de terrains dans leur interprétation des données récoltées. En se basant sur l’historique des données d’un terrain, il peut également prédire la qualité future du terrain. D’autres données, récoltées par des capteurs de sol ou stations météorologiques peuvent être ajoutées sur le tableau de bord.

 

Quatre modules de formation

Afin d’accompagner encore plus loin les groundsmen dans la récolte et l’analyse de données, une formation en quatre modules est proposée comme nous l’explique Menke Steenbergen.

  • Module 1 : Introduction à la technologie
  • Module 2 : Gestion des emplacements axée sur les données. « On se concentre sur la façon de rendre la maintenance plus efficace et d’améliorer la qualité du terrain. Par exemple, si vous mesurer que le terrain est trop dur que sur une moitié, vous allez simplement aérer cette moitié », précise la cheffe de projet.
  • Module 3 : Terrain et blessures. « Ici nous étudions les relations entre la qualité du terrain et les blessures. Les blessures coutent 2,1 millions d’€ par an à l’industrie néerlandaise. 22 % des blessures sont causées par la qualité du terrain. Il peut s’agir d’un terrain dur causant des maux aux bas du dos ou une adhérence excessive entrainant une blessure plus rapide des ligaments articulaires. Avoir un terrain parfait tout le temps n’est d’ailleurs par la solution. Idéalement, il faut préparer des terrains d’entrainement différents pour augmenter la capacité du corps à d’adapter rapidement aux surfaces et ainsi prévenir les blessures », explique-t-elle.
  • Module 4 : Durabilité. « Dans ce dernier module, nous examinons les données terrain et la durabilité. Nous expérimentons en changeant certaines des pratiques de maintenance tout en maintenant un terrain parfait. Nous pouvons ainsi utiliser moins d’eau, réduire le chauffage et voir les résultats sur la qualité du terrain », indique-t-elle.

 

Un accord pilote avec l’Eredivisie

Le créateur d’HiPSter, Hans Meeske, a récemment signé un contrat avec la ligue de football néerlandaise : l’Eredivisie, qui s’est engagé à fournir le chariot récolteur de données aux 15 clubs de a ligue qui évoluent sur pelouse naturelle (Feyenoord, PSV Eindhoven, FC Groningue entre autres). Avec ce partenariat, l’Eredivisie vise à améliorer la qualité globale de tous les terrains, tout en respectant un principe d’équité. Si cet accord pilote n’est pour le moment pas rentable, Hans Meeske indique toutefois avoir des contacts en Allemagne et penser à un système d’abonnement. « Pour les meilleurs clubs, il faut penser à des licences d’environ 25 000 € par an. Mais si la licence est élargie avec des modules de prévention des blessures ou de durabilité, ce sera plus cher », précise-t-il dans le média FD.

Corentin RICHARD

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