Golf National : L’expérience JO vue par les greenkeepers étrangers volontaires (2/2)
Publié le 7 octobre 2024 à 07h00
Catégorie : Pratiques
A l’occasion des épreuves de golf des Jeux Olympiques Paris 2024 au Golf National, de nombreux greenkeepers étrangers ont participé à l’entretien du parcours de l’Albatros. Plusieurs d’entre eux sont revenus sur cette expérience, abordant leurs surprises et ce qu’ils retiennent de cette expérience.
A l’occasion des Jeux Olympiques de Paris 2024, le Golf National s’est transformé en véritable fourmilière. De nombreux greenkeepers venus du monde entier se sont rendus à Saint-Quentin-en-Yvelines pour aider à l’entretien du parcours de l’Albatros. L’occasion pour eux de redécouvrir l’un des plus grands golfs français et de travailler avec l’objectif de tirer la qualité du parcours à son paroxysme. Plusieurs d’entre eux ont accepté de revenir sur une expérience qu’ils ne sont pas près d’oublier.
Pour tous, il s’agissait là d’une opportunité à ne pas rater. Les Jeux Olympiques sont un événement majeur dans le sport, et ils deviennent un grand événement dans le monde du golf. Dans un golf habitué aux grandes compétitions comme le Golf National, l’occasion d’acquérir du savoir et de l’expérience était trop belle pour être manquée. « Je savais que je voulais travailler au Golf National pour ce qui serait une expérience unique dans notre domaine de travail », lance Alex Portaankorva, greenkeeper du Golf de Vasa en Finlande. Même motivation pour Barry Lotgerink Bruinenberg, responsable de chantier chez AH Vrij aux Pays-Bas, une entreprise spécialisée dans l’aménagement et l’entretien des terrains de sports. « Mon employeur a trouvé que c’était une opportunité magnifique pour moi et m’a donné l’autorisation de participer à un événement de cette envergure. Participer à de tels événements permet toujours d’acquérir des connaissances et des compétences que l’on peut utiliser dans son propre travail », explique-t-il. Le rendez-vous est immanquable, que l’on vienne des Etats-Unis, de Finlande, des Pays-Bas ou de la Belgique.
Le Golf National sur son 31…
Pour être volontaire sur l’Albatros durant les JO, il fallait avoir déjà travaillé au Golf National à l’occasion d’un grand tournoi (Ryder Cup 2018, Open de France). Tous les greenkeepers présents connaissaient donc déjà le parcours, à quelques exceptions près. Tous ont pourtant été éblouis de sa qualité durant la compétition.
« L’Albatros est le parcours de tournoi idéal et offre un véritable challenge à tous les golfeurs. Le sens du détail lorsque le parcours passe en mode compétition est incroyable », confie ainsi Janne Lehto MG, superintendant au Golf d’Hirsala en Finlande. Même son de cloche du côté de Gaëtan Lits, intendant au Golf du Bois d’Arlon en Belgique. « Lorsque je suis arrivé et que j’ai vu comment était préparé l’Albatros, j’ai failli tomber à la renverse. La préparation faite en amont de la compétition et la qualité des surfaces de jeu étaient impressionnantes », souligne-t-il. Les équipes du Golf National, menées par le superintendant Lucas Pierré, ont pu profiter de la fermeture du parcours en amont de la compétition pour l’amener à un niveau de qualité impressionnant, de telle sorte que durant la compétition, toute l’équipe n’ait qu’à le maintenir en forme.
Durant toute la compétition, la qualité du parcours, et donc du travail des équipes, a été louée, au même titre que l’ambiance incandescente de l’événement. Une belle reconnaissance pour toutes les personnes ayant œuvré à la qualité des surfaces de jeu. Une preuve également, que l’exigence et le sens du détail paient.
… grâce à une organisation minutieuse
Avoir à disposition près de 90 greenkeepers pour 18 trous est un luxe qui peut rapidement se transformer en véritable casse-tête sans une organisation bien ficelée. Heureusement pour les Jeux Olympiques, le Golf National est habitué à ce genre d’événement. Le parcours a été divisé en deux parties, le personnel en deux équipes. Chacune des deux équipes, dirigées par Hugo Senlis et Eva Largeau, s’occupait de sa propre partie du parcours. Au sein de ces deux équipes, plusieurs groupes étaient assignés à des tâches spécifiques : tonte des greens, roulage des greens, tonte des fairways, ratissage des bunkers, récolte de data, etc. Une séparation des tâches précise qui permet d’avoir le sens du détail.
Gaëtan Lits était assigné à la tonte de 3-4 greens. « Nous faisions toujours la même chose, pour être plus efficaces et plus rapides », précise-t-il. Il était accompagné de deux autres personnes, l’une ou deux d’entre elles plaçaient les turning boards (panneaux sur lesquels les machines font leur virage pour éviter d’abimer le green). L’objectif principal était que le travail soit fini le plus vite possible tous les jours. Et dès qu’une tâche était achevée, les greenkeepers allaient prêter mains fortes à ceux qui n’avaient pas encore terminé.
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Janne Lehto MG était pour sa part dans l’équipe roulage des greens lors de la première semaine. Au moins une fois par jour, après les tontes, les greens étaient roulés. La semaine suivante, il était chargé de récolter des données sur les greens. Son compatriote, Alex Portaankorva, tondait les colliers de fairway et nettoyait les déchets laissés sur place par les tondeuses avant et pendant le tournoi masculin. Il a également veillé à la propreté des sentiers du parcours. Après le tournoi masculin, il tondait également les greens le matin (et les colliers de fairway l’après-midi).
« Il était incroyable de voir ce qu’une équipe est capable de faire sur un terrain de golf lorsque toutes les ressources nécessaires sont à disposition », confie-t-il. Malgré la taille très importante de l’équipe, chacun de ses membres se sent utile. Tout membre de l’équipe, aussi massive soit-elle, a un rôle crucial à jouer et peut jouir de la satisfaction d’avoir contribué à la qualité du parcours pour un tel événement. « En préparant le parcours, je ne me suis pas senti comme un petit rouage de l’ensemble, mais plutôt comme une partie intégrante du tout. Un tel événement ne fonctionne pas parce qu’il y a un chef greenkeeper, mais parce qu’il y a de nombreux greenkeepers qui apportent tous une contribution égale. En combinant cela avec le fait que tout le monde veut atteindre le même objectif, on obtient de belles choses et on prépare un beau parcours », explique Barry Lotgerink Bruinenberg.
Une expérience humaine avant tout
Bien sûr, passer deux semaines sur un parcours aussi exigeant que l’Albatros durant une compétition internationale est un moyen de progresser dans son métier, mais cela reste une expérience humaine avant tout. Imaginez être plongé dans un projet commun avec près de 90 personnes ayant la même passion, mais venant d’horizons différents. Être logés dans le même hôtel, à quelques kilomètres du Golf National. Se voir tous les jours sur le parcours. L’expérience JO est collective, et si durant leurs heures de travail les greenkeepers n’ont pas forcément le temps de discuter, le reste de la journée est tourné vers l’échange d’expériences.
Naturellement, les interactions portent sur le métier d’intendant, sur les différentes méthodes de travail en fonction des pays. Sur les législations en vigueur également, notamment celle concernant l’utilisation des produits phytopharmaceutiques. Sur les machines utilisées. Participer à ces JO et faire partie de cette équipe était synonyme d’une certaine ouverture sur la filière. « En termes de greenkeeping, il s’agit des deux semaines les plus intenses et les plus riches de ma carrière », confie Gaëtan Lits, conscient qu’il a participé à quelque chose de grand pour la filière.
Cette expérience inoubliable est formatrice pour tout greenkeeper, aussi expérimenté soit-il. Chacun a pu repartir du Golf National avec le sentiment d’avoir pu faire l’expérience d’un parcours dont la qualité a tutoyé la perfection tant son entretien fut pointilleux. « Ce qui m’a le plus surpris, c’est la rigueur et le niveau de détails du terrain. Chaque détail compte, l’équipe entière donne le meilleur pour que le terrain soit parfait », poursuit Gaëtan Lits. C’est d’ailleurs ce que retiendra principalement le Belge de cette aventure : « l’excellence se trouve dans le détail ». D’autres, qui ont plutôt l’habitude de diriger, se sont retrouvés à être dirigés et ont beaucoup appris dans cette posture. Tel est le cas de Barry Lotgerink Bruinenberg : « Cette aventure m’a permis de réaliser que, en tant que responsable, j’ai une influence importante sur un groupe de personnes, tant verbalement que non verbalement ». Mais tous retiennent principalement qu’une équipe, aussi grande soit-elle, qui tire vers le même objectif, peut faire de merveilleuses choses sur un parcours de golf.