Football : Les femmes doivent-elles jouer sur les mêmes surfaces que les hommes ?

Publié le 15 avril 2025 à 07h00

Catégorie : Actualités

En Angleterre, les blessures répétées de certaines joueuses ont propulsé au milieu de la table un débat : le football féminin doit-il se jouer sur les mêmes surfaces de jeu que les hommes ? Les pelouses doivent-elles être adaptées aux femmes ? La question se pose dans les médias. 

Source : Skysports

Le 19 mars 2025, le syndicat des joueurs professionnels (PFA) publie sur X (Twitter) un communiqué suite au quart de finale aller de Ligue des champions féminine ayant opposé Arsenal au Real Madrid sur une pelouse délicate au stade Alfredo di Stefano. Quelques jours auparavant, c’était la pelouse de Pride Park, domicile de Dery County qui accueillait la finale de la Coupe de la Ligue féminine entre Chelsea et Manchester City, qui était au cœur de la polémique. « C’est dommage d’avoir ce genre de terrain pour une finale, surtout quand on s’attend à ce que l’Angleterre ait les meilleurs jardiniers et les meilleurs terrains du monde », a regretté Sonia Bompastor, l’entraineuse française de Chelsea à BBC One.

« Des terrains comme celui-ci n’ont pas seulement un impact sur la qualité du jeu, ils mettent en danger la sécurité des joueuses. À plusieurs reprises au cours des derniers jours, dans des liens importants, nos membres ont été invités à jouer dans des conditions inférieures aux normes. Les joueuses de classe mondiale méritent des normes de classe mondiale, et elles ont raison d’attendre mieux », indique le communiqué du PFA.

 

Ces récents événements posent question : les surfaces construites pour les athlètes masculins sont-elles adaptées aux femmes ?

 

 Un manque de recherches sur le sujet

Comme l’indique la BBC dans son article, peu de recherches ont été menées sur les terrains destinés spécifiquement aux athlètes féminines. Mais les données récoltées se multiplient. Des recherches plus spécifiques doivent être menées pour établir des corrélations entre le risque de blessures accru et les surfaces de jeu pour les joueuses. « Nous n’avons jamais séparé le football masculin du football féminin. Nous avons toujours simplement conçu des terrains de football », a confié Neil Rodger, consultant principal chez STRI Group à BBC Sport. Si ce dernier avoue ne pas savoir s’il y avait une différence subtile entre ce qui est optimal pour le jeu masculin et le jeu féminin, il précise que l’accumulation des matchs est un facteur contribuant à la réduction de la qualité des surfaces. Or, beaucoup d’équipes féminines anglaises partagent leur terrain avec les équipes masculines.

« Je pense que le problème réside dans le volume des matchs sur le terrain. Il faut absolument y remédier. Nous partageons souent le terrain, ce qui signifie que les terrains sont très sollicités – la télévision en masque une partie. Lorsqu’on se tient debout dessus, ils ont un aspect très différent », ajoute Rehanne Skinner, la manageuse de West Ham, dans les colonnes de la BBC.

Le club de Brighton a pour ambition de créer un stade dédié à son équipe féminine. Son directeur général, Paul Barber, est convaincu que les surfaces de jeu construites pour le football masculin peuvent être un facteur contribuant aux blessures subies par les joueuses. Le club anglais prépare ses propres recherches sur la question, avec des universités locales. « Il y a eu beaucoup de couverture médiatique récemment sur la qualité des surfaces sur lesquelles les footballeuses ont été invitées à jouer et pour nous, la base de la construction d’un stade féminin est de montrer autant de respect aux athlètes féminines qu’aux athlètes masculins », et cela concernera la qualité des surfaces, de leur construction à leur entretien.

 

Les terrains sont-ils la priorité à étudier ?

Si certaines joueuses trouvent intéressante l’idée que les terrains construits pour les hommes ne seraient pas adaptés aux femmes, d’autres estiment que les recherches devraient davantage porter sur d’autres facteurs prioritaires comme la santé des femmes. « Si nous parlons de ligaments croisés antérieurs, cela résulte d’un conditionnement physique accru et d’une activité physique accrue. Il est nécessaire de mener davantage de recherches sur la santé des femmes, car nous sommes tout simplement différentes », a déclaré Jen Beattie, ancienne défenseure de l’Ecosse et d’Arsenal à BBC Radio 5 Live.

Son homologue, l’ancienne attaquante Ellen White, l’a rejoint : « Les femmes sont construites légèrement différemment avec des hanches de procréation, où vous avez vos règles, donc vos ligaments sont légèrement plus lâches. »

Ni la santé des femmes, ni les terrains sur lesquels elles évoluent ne peuvent être ignorés. Ces deux facteurs, probablement liés, méritent des études spécifiques pour permettre au football féminin de se développer en toute sécurité.

Corentin RICHARD

Visitez nos
autres sites