[Débat d'idées] Laurent Princep, Greenkeeper du Golf de la Grande Motte : « Le zéro phyto peut être une réalité, à condition de ne rien imposer aux greenkeepers »
Catégorie : Paroles d’experts
Cette semaine, nous avons demandé à Laurent Princep, Greenkeeper du Golf de la Grande Motte, de répondre à notre série de tribunes « 0% phyto, 100% mytho? ».
» Mon objectif est de faire en sorte que le Golf de la Grande Motte soit un golf écologique, facile à entretenir et avec une gestion optimale de l’eau. Nous n’utilisons que peu de produits phytosanitaires et très peu d’engrais. Il en est de même pour l’arrosage : nous essayons d’apporter la quantité d’eau suffisante dont la plante a besoin. Un arrosage bien réglé permet de gérer 90% des problèmes tels que les dry patch ou encore la mousse. Je suis un partisan du travail de pointe c’est à dire que je me base sur trois aspects : agronomique, mécanique et chimique, sachant que ce dernier est amené à disparaître.
L’objectif du greenkeeper ne se base pas sur de la production; nous ne faisons pas de la fourragère, notre métier consiste à rendre la plante la plus saine et dense possible. S’occuper d’un green c’est comme s’occuper d’un bonzaï, il est stressé en permanence. Il faut lui donner les éléments pour que la plante soit forte contre les différentes attaques. Un bon enracinement, une bonne vie microbienne et bactérienne au niveau du sol c’est le travail que l’on doit effectuer. Il faut créer cette vie et la renforcer.
Le « 0 phyto » ? Aujourd’hui c’est encore un mythe mais cela peut devenir une réalité, à condition que l’on n’impose rien aux greenkeepers. Si l’on nous dit de ne plus traiter sans nous donner d’alternatives, cela sera très compliqué si on n’a pas les techniques requises. Surtout que toutes les années ne se ressemblent pas, de nouvelles maladies arrivent etc. Je suis pour réduire au maximum l’utilisation de ces produits et j’espère que l’on arrivera au « 0 phyto » mais pour l’instant, il faut changer beaucoup de mentalités. Par exemple expliquer aux joueurs qu’il faut fermer le parcours pour s’occuper des greens, ressemer, qu’ils s’attendent à voir du pâturin sur les fairways etc.
Il faut améliorer la qualité agronomique du sol, apprendre comment il est constitué. Il faut aussi que l’on arrête d’écouter et d’appliquer tout ce que nous disent les fournisseurs. Car eux font bien leur métier – leur objectif est de vendre des produits – , à nous de faire le nôtre. Nous n’en serons que plus valorisés. Il faut que nous puissions dégager du temps pour pouvoir continuer à nous former, à apprendre en allant voir ce que font nos confrères dans d’autres pays ou dans d’autres régions. Il faut enfin que nous parvenions à intéresser, voire à passionner les futurs greenkeepers et jardinier. »
redactioneprofield.com (Idir Zebboudj)&redactioneprofield.com (Lucas Sanseverino)
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