Changement climatique : les intendants des stades de cricket s'attaquent à la crise climatique dans le sport

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Des groundsmen venant des quatre coins du monde et qui entretiennent des terrains de cricket témoignent sur l’impact du changement climatique dans le sport et de la profession depuis une quinzaine d’années.

Au même titre que les autres sports dont nous avons l’habitude de parler, le cricket vit et respire également à l’extérieurmais le jeu ne peut plus échapper au changement climatique qui s’accélère de plus en plus. Dans de nombreux pays où le cricket est très populaire, certainsse trouvent à des latitudes particulièrement vulnérables au climat. C’est le cas du Pakistan, de l’Inde, du Bangladesh, des Antilles, duSri Lanka ou encore de l’Afrique du Sud. Les augmentations de température dans tous ces paysont un impact dévastateur sur ce sport mais également sur l’entretien des terrains. Par exemple, au Cap, la sécheresse entre 2015 et 2018 a entraîné l’annulation temporaire des clubs et des écoles de cricket.Certains matchsde l’Indian Premier League (IPL) ont été déplacés à cause du manque d’eau et, en Australie, les importants incendies de forêts ont provoqué l’annulation de nombreux matchs dont un très importantde Big Bash League, la division élite de cricket du pays. La pollution arrêtentégalement le jeu de certains matchs où certains joueurs vomissent comme en Inde ou au Sri Lanka etles ouragans Irma et Maria, quiont fait de nombreuses victimes en balayant les Caraïbes, ont également gravement endommagé cinq stades de cricket.Même au Royaume-Uni, où les conditions sont nettement plus « saines, »les inondations ont ruiné certains clubs de football et ont provoqué l’annulation d’un grand nombre de matchs.

Le rapport Game Changer de 2017a nommé le cricket le sport de terrain le plus vulnérable face au climat.Les extrêmes pics de chaleur et de pollution de l’air sont particulièrement nocifs pour les athlètes qui font de l’exercice et pour les jeunes enfants qui jouent à l’extérieur. Mais ces phénomènes frappent également toutle personnel d’entretien de terrain de cricket dont le changement climatique les confronte à de nouvellesréalités.

La BBC Sport s’est entretenue avec trois personnes, du Royaume-Uni, d’Australie et d’Afrique du Sud, sur la façon dont la crise climatique affecte leur façon de travailler et quelles étaient leurs inquiétudes pour l’avenir.

Tout d’abord, Justin Grovesa travaillé comme head groundsman pour l’Adelaide Oval et le Sydney Cricket Ground :

« J’ai vu de grands changements au cours de mes 15 années à Adélaïde. Le climat, bien que très sec, est devenu plus humide et avec cela, vous attrapez plus de maladies fongiques et attirez plus de parasites.Les saisons deviennent plus longues et plus tardives que jamais..Nous devons travailler encore plus dur pour entretenir le gazon, alors qu’il y a 15 ans, le climat le faisait pour nous.. Nous avons également des restrictions d’eau que nous n’avions pas il y a 15 ans.Auparavant, nous pompions l’eau de la rivière Torrens mais, avec le manque de précipitations, il y a maintenant trop d’algues dans cette eau.

Tant de problèmes qui touchent également Sean Williams, son confrère du Royaume-Uni, qui a commencé comme jardinier adjoint au Gloucestershire County Cricket Club en 1990 et a pris la relève en tant que jardinier en chef en 2000.

 » Ai-je vu le climat changer ? Absolument, surtout au cours des quatre ou cinq dernières années.Nous réagissons de plus en plus aux extrêmes : temps plus chaud, pluie plus intense et ce, pendant des périodes plus longues. Juste le mois dernier, nous avons eu environ 5 cmde pluie dans la journée.Nous avons beaucoup plus de parasites à cause du temps et des restrictions d’utilisation de produits chimiques. Au cours des deux dernières années, nous avons eu des problèmes avec les Pholcidae. Leurs larves se nourrissent des racines du gazonen hiver, surtout cette année où il n’y a pas eu de croissance à cause du froid.La chaleur et les fortes pluies sont également des conditions parfaites pour développer d’autres maladies fongiques.Nous avons discuté avec le conseil d’administration pour essayer de mieux faireles choses. Nous essayons de réduire notre utilisation d’engrais et avons introduit, au cours des trois dernières années, une application biologique au sol etune application d’engrais l’été. Nous complétons tout cela avec des algues pour réduire l’utilisation d’engrais l’hiver.« 

Enfin, Evan Flint,jardinier en chef des Wanderers à Johannesburg depuis 2019 et avant cela à Newlands à Cape Town pendant 11 ans, nous éclaire sur la situation en Afrique du SUd.

« Lorsque j’étais au Cap, j’ai remarqué une baisse de la quantité de pluie en hiver qui aun effet dévastateur pendant les mois plus chauds d’été, et ce, notamment pendant la sécheresse de 2018.Sur le plan personnel, je me souviens que 2018 avait été incroyablement effrayante, nous étions descendus à 50 litres d’eau par jour et par personne, et au niveau du greenkeeping, c’était vraiment difficile. Nous devionsirriguer encore et encore le terrain à cause de la forte teneur en argile, mais au bout d’un moment on lâche prise.Ce fut une révélation incroyable pour moi en remarquant que vous n’ayez pas besoin d’autant d’eau que vous ne le pensiez. Le gazon peut survivre, en fait, il est probablement plus sain, en le laissant vivre sur le bord.À Johannesburg, la pluie semble arriver un peu plus tard, en mars et avril, puis plus rien jusqu’en septembre. Cette année, nous sommes en novembre et nous n’avons eu seulement que 68 millilitres dans l’année.A cette période de l’année, j’avais toujours l’habitude de pulvériser beaucoup, maintenant je regarde mon petit microclimat dont je suis en charge et je pense qu’il doit y avoir assez d’espace pour la cohabitation. J’essaie de m’éloigner de l’éradication des nuisibles.

Source :traduit de l’article de la BBC

redaction.gsph24atprofieldevents.com (Lucas Sanseverino)

Rédaction GSPH24

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