« Les pieds sur terre » : La gestion de l’eau

Catégorie : Pratiques

La Fédération Française de Golf (FFG) a publié un nouvel épisode de sa série vidéo « Les pieds sur terre ». Ce dernier aborde la gestion de l’eau dans les golfs et met en lumière des acteurs ayant pris en main la gestion de la ressource en eau.

Après la question de l’utilisation des produits phytosanitaires pour l’entretien des surfaces de jeu, la série documentaire “Les pieds sur terre” de la FFG s’attaque à une nouvelle problématique, et pas des moindre : la gestion de l’eau. Au travers une vidéo, la Fédération souhaite mettre en avant différents acteurs ayant entrepris une gestion plus durable de l’eau par divers moyens.

Rappel des chiffres essentiels de la consommation d’eau des golfs

  • 25 000 m3/an par tranche de 9 trous en moyenne
  • 70 % des parcours ont une consommation inférieure à cette moyenne
  • 8 % des golfs utilisent l’eau du réseau pour irriguer
  • Les greens, seule surface de jeu pouvant être arrosée en période de crise, représentent 1 à 2 % de la surface totale d’un golf
  • 60 m3/jour/tranches de 9 trous si un golf n’arrose que ses greens

 

Golf du Gouverneur : Un arrosage raisonné

Christophe Prévalet, greenkeeper du Golf du Gouverneur, revient sur les restrictions qui lui ont été imposées durant l’été et jusque fin avril. Cela induit une réduction de la consommation d’eau pour les greens et les départs de 30 %. Pour arroser ses surfaces de jeu, le Golf du Gouverneur peut puiser dans ses étangs. Ces bassins de rétention captent l’eau de pluie et du bassin versant. « Sans être devin on peut considérer que l’arrosage des fairways va être systématiquement interdit. Du moins chez nous. On est sur un bassin versant ultra sensible au manque d’eau, ce qui va inexorablement nous amener à arrêter l’arrosage des fairways et nous concentrer sur les greens et départs », admet-il. « Les joueurs vont devoir s’habituer à jouer sur des surfaces, notamment sur les fairways, beaucoup plus sèches, moins vertes qu’elles ne le sont actuellement, probablement avec deux ou trois mauvaises herbes type pâquerettes et pissenlits », poursuit-il. Et cela passe nécessairement par de la communication avec les golfeurs, qui vont devoir accepter d’évoluer sur des surfaces qui ne seront pas vertes toute l’année. 

Golf de Granville : le choix de l’inversion de flore

En Normandie, à Granville, afin de limiter la consommation d’eau, l’équipe d’entretien a décidé d’entreprendre une inversion de flore. Stéphane Rouen, consultant pour le golf, rappelle le principe de l’inversion de flore, à savoir « choisir l’espèce la plus adaptée au site, aux conditions dites pédoclimatiques ». Le golf de Granville s’est tourné vers la fétuque ovine, qui rentre en dormance lors des longues périodes de sécheresse. La fétuque ovine a l’avantage d’être très résiliente et pourra repartir dès les premières précipitations. « Les fétuques sont les moins gourmandes en engrais et en eau. Donc elles ont un intérêt encore plus avec ce qui se passe aujourd’hui. Elles ont une capacité de résilience assez haute. Elles peuvent brunir, avoir cet aspect très brun jaune, mais vont, durant quatre, cinq jusqu’à six mois, êtres prêtes à redémarrer dès que l’eau reviendra », ajoute Stéphane Rouen. Le choix de la fétuque est local et ne serait pas aussi efficace dans d’autres régions de la France. Mais comme le précise le consultant, au nord de la Loire, elle permette de réduire la consommation en haut.

Tout est donc une question de choix adapté de la graminée à son environnement. « Partout, quel que soit l’endroit où on choisit la bonne espèce de graminées et qu’on la favorise, elle sera en mesure de répondre aux conditions climatiques », poursuit Stéphane Rouen. Avec ces nouvelles conditions climatiques et ces nouvelles pratiques culturales, difficile de garantir une surface de jeu verte toute l’année. Et c’est là l’un des grands challenges de la filière : « il faut bouger le curseur sur les notions esthétiques » et assurer le principal : une surface végétale qui va « permettre de porter la balle et de jouer correctement sur des surfaces à la fois roulantes, fermes et homogènes », conclut-il.

Golf de Cannes-Mandelieu : la REUT, l’alternative vertueuse ?

Au Golf Old Course de Cannes-Mandelieu, le réseau d’irrigation est relié à une station d’épuration à proximité depuis le 4 juillet 2023. Cette station produit 50 000 mètres cubes d’eau par jour d’après Jean-Stéphane Camerini, directeur du golf. « La consommation de notre golf à l’année est de 250 000 m cubes par an. Donc en cinq jours de production par la step, nous avons les volumes annuels pour la consommation d’eau du golf », indique le directeur général du golf.

Même son de cloche que Stéphane Rouen chez le propriétaire du golf de Mandelieu : un changement de paradigme est primordial concernant la qualité esthétique des golfs : « Le vert aujourd’hui n’est plus la norme. La norme est à l’authenticité d’un parcours ». Si la difficulté des démarches de REUT et les freins réglementaires devraient petit à petit être adoucis, notamment grâce au travail de la FFG, il est important, en parallèle, de bien communiquer sur la disponibilité de cette ressource. Tous les golfs n’ont pas la chance d’avoir une station d’épuration à proximité.

Au Golf de Mazières-en-Gatine, le dispositif de REUT est connecté à une laiterie située à 7 km du golf. L’eau de la laiterie, recyclée, alimente l’étang du golf et permet l’arrosage des surfaces de jeu. Le partenariat avec la laiterie date de 1998 et chacun y trouve son compte : la laiterie a besoin de déverser son eau pour vider ses bassins, le golf s’approvisionne d’une ressource qu’il utilise pour arroser ses greens et ses fairways.

Par ces exemples variés, le reportage se veut plutôt optimiste sur l’avenir de la gestion de la ressource en eau sur les golfs. Ces derniers bénéficient de différents leviers à actionner pour se montrer plus raisonnables dans leur gestion de l’eau.

Corentin RICHARD

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