Le Golf du Bassin Bleu à l’épreuve du cyclone Belal

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L’ile de la Réunion a été durement touchée par le passage du cyclone Belal. Joel Bouchara, directeur technique au Golf du Bassin Bleu, nous raconte comment un golf se prépare et se remet du passage d’un cyclone.

Parmi les 3 golfs présents sur l’île de la Réunion, le Golf du Bassin Bleu est celui situé le plus à l’Ouest, à 350 m d’altitude. Ce parcours 18 trous se trouvait dans l’œil du cyclone Belal qui a frappé l’île le 15 janvier 2024. Si le cataclysme attendu n’a finalement pas eu lieu, d’importants dégâts ont toutefois été constatés, et 4 personnes ont trouvé la mort. Des rafales de vent ont atteint les 217 km/h sur les points les plus hauts de l’île, des pluies diluviennes se sont déversées. En infléchissant sa trajectoire, le cyclone est resté en bordure de la côte nord de l’île, placée en alerte violette pendant quelques heures, et La Réunion a évité le pire. Le Golf du Bassin Bleu aussi. Son directeur technique et greenkeeper, Joel Bouchara, nous raconte comment on se prépare à recevoir un cyclone sur son parcours.

Le Golf du Bassin Bleu a évité le pire

Le Golf du Bassin Bleu se divise en 2 parties : une en forêt et une plus dénudée. De nombreux eucalyptus de 150-200 ans jonchent le golf, « une catastrophe pour l’entretien », indique Joel Bouchara, directeur technique greenkeeper du golf. Mais aussi un danger accru lors de cyclones, chaque arbre était potentiellement déracinable par les rafales.

Malgré les prévisions Météo France qui annonçaient des rafales de vent à 240 km/h, les pointes enregistrées au Golf du Bassin Bleu n’ont pas dépassé les 195 km/h durant le cyclone Belal. Cela n’a pas empêché Joel Bouchara et ses 6 jardiniers de recenser quelques dégâts sur le parcours, comme la chute de 7 arbres, dont des cocotiers. « C’est extrêmement rare car les cocotiers résistent très bien au vent », précise le greenkeeper.

Le Golf du Bassin Bleu s’en sort très bien avec des dégâts matériels mineurs et aucune coupure d’eau ou d’électricité. Aucun green et aucun départ n’a été touché. « Nous avons connu bien pire, des cyclones où le parcours était ravagé et les voiturettes abimées… Nous nous attendions à pire », poursuit le greenkeeper.

 

Peut-on réellement se préparer ?

Les cyclones, Joel Bouchara en a vu d’autres et s’y est presque habitué, lui qui a toujours vécu à La Réunion. « Il ne faut pas s’affoler. Nous sommes obligés d’intervenir vraiment au dernier moment. Selon si le cyclone nous passe dessus ou nous effleure, nous ne pouvons pas savoir à l’avance l’ampleur des dégâts. Il faut être à l’écoute de la météo, attendre, regarder et prendre les décisions au dernier moment », lance-t-il.

Le greenkeeper a réuni son équipe le dimanche matin, à 6h, avant que l’alerte rouge ne soit effective à 20h, pour ramasser tous les drapeaux, démonter les tentes destinées à l’événementiel, ranger les 55 voiturettes, etc. Avant de tous se barricader à son domicile en attendant que la tempête passe.

La saison cyclonique se déroule généralement entre fin novembre et fin avril. Une période d’environ 5 mois durant laquelle toute l’île est sur le qui-vive et se prépare à potentiellement être touchée. « Même quand vous êtes habitués, vous êtes soumis au stress dans ce genre de situation. Nous nous sentons tout petits face à la nature », admet-il.

Durant la période cyclonique, il est primordial de faire de l’élagage préventif afin de limiter les dégâts potentiels. Et c’est à peu près la seule chose que le greenkeeper peut anticiper. « C’est le genre de phénomène où vous pouvez vous préparez autant que vous voulez, vous ne saurez pas ce qui va vous tomber sur la tête. C’est une loterie. », prévient-il.

 

La réparation du parcours

Dès lors que le cyclone a frappé, l’équipe d’entretien doit recenser les dégâts sur l’intégralité du parcours. « Nous avions 8 trous injouables. La première étape a été de déblayer les chemins d’accès pour intervenir et nettoyer les greens et les départs. Dans la mesure du possible, nous essayons de les tondre ensuite. C’est ce que nous avons fait cette fois-ci » Le lendemain, lui et ses équipes se sont attelées aux fairways, encore très boueux.

Le vendredi 19 janvier, le Golf a pu rouvrir 9 trous grâce au travail de l’équipe d’entretien. Cinq jours plus tard, l’intégralité du parcours était ouverte. Les zones de jeu ont été globalement peu impactées et ont fait preuve de résilience, notamment du fait de leur composition.

 

Des greens et des départs résilients grâce au Paspalum

Les greens et les départs ont l’avantage d’être drainés, ce qui est primordial dans un tel contexte. Les greens sont composés à 100 % de paspalum tandis que les départs sont composés d’un mélange cynodon/paspalum. Le paspalum présente l’avantage d’encaisser énormément les PH élevés, une aubaine pour le Golf du Bassin Bleu qui irrigue avec une eau saline. « Malheureusement, il y a le revers de la médaille, le paspalum est très sensible au Dollar Spot. Il se régénère très vite cependant », précise Joel Bouchara.

Entre les pluies diluviennes (600 mm tombés en une semaine) et les eaux de drainage, le bassin de rétention de 8 500 m3 du Golf du Bassin Bleu a a montré tout son utilité ces derniers jours. Son niveau est monté d’un mètre en deux jours après le cyclone. « Je pense que nous avons récupéré entre 1000 et 1500 m3 d’eau pendant le cyclone. Le problème à La Réunion c’est que les précipitations sont irrégulières, il est possible qu’il ne pleuve pas pendant deux mois ! », ajoute-t-il. Difficile donc de dire pendant combien de temps le golf pourra irriguer grâce à ces eaux récupérées.

Vous l’aurez compris, les choses auraient pu être plus dramatiques mais le cyclone Belal a finalement été bien géré par Joel Bouchara et son équipe. « Je tiens à remercier toute mon équipe qui a fait un super travail sous une chaleur étouffante ! Nos membres étaient ravis de pouvoir golfer deux jours après le passage du cyclone », conclut le responsable technique. Mais ce dernier n’aura pas le loisir de se reposer, la tempête Candice est annoncée, et la saison des cyclones devraient se poursuivre jusqu’à fin avril.

Corentin RICHARD

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