Greenkeeper français à l’étranger : Simon Richalot et la préparation du championnat de la PGA 2023

Catégorie : Pratiques

Suite de notre série sur les Greenkeepers français à l’étranger avec, pour ce nouvel épisode, le jeune Simon Richalot qui nous raconte son expérience de deux semaines au Oak Hill Grounds à l’occasion du championnat de la PGA 2023.

Bonjour Simon, pouvez-vous vous présenter ?

J’ai 21 ans. J’ai commencé dans le milieu il y a 4 ans en débutant au Golf d’Evian. Je me suis dirigé rapidement au Golf de Genève durant quelques mois, puis au Domaine Impérial Golf Club, le plus beau golf de Suisse, où j’ai fait trois saisons. J’ai aussi connu quelques courtes expériences à Vidauban ou à Evian pour l’Amundi Evian Championship en 2019 et 2021. J’ai passé tout l’hiver en Australie, durant 6 mois en tant que saisonnier au Kingston Heath Golf Club. C’est un golf très réputé qui est classé 17e plus beau golf du monde. C’était une expérience incroyable à l’étranger, cela m’a permis de parler anglais. J’ai également été volontaire pour un tournoi à Adare Manor en Irlande l’été dernier.

 

Vous n’avez pas suivi de formation de greenkeeper ?

Non. Depuis le départ, j’ai toujours eu pour projet de suivre le programme de deux ans à Penn State University aux Etats-Unis afin de devenir intendant. Je ne voyais pas vraiment l’intérêt de suivre une formation en France. Grâce aux contacts que j’ai noués, j’ai privilégié l’expérience du terrain.

 

Penn State Golf Course Turfgrass Management Program : Célèbre formation sur deux ans sur l’entretien des gazons de golf à l’Université de Pennsylvanie. Chaque année, seuls 20 candidats sont admis parmi 50 à 70 candidats. Pour y être admis, il faut compter au moins deux saisons complètes d’expérience de travail dans l’entretien du gazon et être recommandé par un superintendant.

J’ai fait quelques formations en ligne, assez intéressantes. Mais ce sont des choses que j’avais déjà apprises sur le terrain. Au début, je faisais des expériences assez courtes. Puis j’ai rencontré Joe Buckley en 2019 à Genève. Il était alors assistant avant d’être nommé superintendant au Domaine Impérial. Je l’ai épaulé durant 3 saisons, et j’ai énormément appris à ses côtés.

 

Vous multipliez les expériences dans des golfs de renommée, aspirez-vous à travailler dans des golfs de ce standing ?

Je suis surtout attiré par les golfs qui ont des moyens pour faire des choses intéressantes. Je ne souhaite pas maintenir en vie un golf mais avoir le meilleur produit possible.

 

Comment vous êtes-vous retrouvés à Oak Hill pour le championnat de la PGA 2023 ? Quelles étaient vos missions ?

J’ai eu cette chance grâce à l’intendant du Domaine Impérial Golf Club, Joe Buckley, qui a beaucoup de contacts. Je suis arrivé deux semaines avant le tournoi (qui avait lieu du 18 au 21 mai). J’y suis resté les deux semaines. C’était assez intense, les semaines étaient chargées. Je crois que la première semaine nous avons travaillé 92h. La première semaine, plusieurs assistants de parcours étaient là tandis qu’il y avait de nombreux superintendants lors de la seconde semaine.

J’ai eu la chance de presque tout faire : tonte et traitement des greens, tonte des roughs à la main, relever les pitch, préparation des bunkers. Il y a peu de choses que je n’ai pas pu faire.

 

Qu’est-ce qui vous a frappé dès votre arrivée ?

J’ai été surpris par les moyens déployés. Nous étions entre 130 et 140 pour préparer les parcours, c’était énorme. Les ressources étaient illimitées. Nous tondions les roughs et les fairways tous les jours. Le parcours se situant au Nord de l’état de New York, nous avions encore des gelées à quelques jours du tournoi. Afin d’avoir une densité du gazon parfaite, ils avaient mis beaucoup d’engrais, ce qui a rendu la croissance du gazon presque incontrôlable dans les roughs. Les bunkers étaient ratissés quotidiennement. Quant aux greens, ils étaient tondus deux fois par jour.

 

Racontez-nous une journée-type ?

Pour le lundi de la préparation du tournoi, nous avions rendez-vous à 4h15 au golf pour commencer à 4h30. Nous avions une réunion pour donner les tâches de la journée à tout le monde. Ce jour-là, j’étais assistant pour le traitement des greens. Nous traitions manuellement avec un walking boom sprayer relié à un tuyau (voir image ci-dessous). Ma mission était de m’assurer que la personne qui traitait n’oublie aucune partie, puisse voir où elle traite, lui faciliter la vie.

Le traitement des greens se faisait en binôme à l'aide d'un walking boom sprayer.
Le traitement des greens se faisait en binôme à l’aide d’un walking boom sprayer.

Ensuite nous avions une pause vers 11h. J’enchainais sur la préparation des bunkers. Nous devions tasser le sable afin d’avoir des bunkers fermes. Les bunkers étaient arrosés le matin et nous passions le rouleau manuellement pour aplanir et tasser la surface. A 13h30 il y avait la pause déjeuner. Puis nous partions tondre les roughs avec des tondeuses à conducteur marchant pour éviter de laisser les passages de roues dans les roughs. Puis à partir de 18h, nous relevions les pitch après les parties de reconnaissance. Nous appliquions un sable vert pour masquer les pitch, jusqu’à 22h. Ce n’était pas tous les jours comme cela toutefois.

Le jeudi du tournoi, une fois la gelée partie, nous avons tondu les greens et ratissé les bunkers avant la reprise du jeu. Puis après le jeu, nous faisions le tour des greens de 16h à 22h. Le vendredi nous avons commencé plus tôt, à 3h15, suite au gel de la veille. Il fallait que tout le parcours soit prêt à 7h du matin pour accueillir la deuxième journée de compétition.

Tôt le matin ou tard le soir, il fallait quelques fois travailler en nocturne.
Tôt le matin ou tard le soir, il fallait quelques fois travailler en nocturne.

Comment gériez-vous le gel ?

La météo avait prévu du gel. Mais nous ne sommes jamais sûrs, avec un peu de vent la rosée serait partie et nous n’en aurions pas eu. Ça n’a pas été le cas, il faisait -2°C. Nous devions simplement attendre que le gel parte et nous tenir prêts. Nous avons déclenché tous les arroseurs du parcours pour dégager le gel plus rapidement.

 

Que vous a appris cette expérience lors d’un grand tournoi ? 

Au-delà de l’expérience de travail, qui ressemble assez à ce que nous avions l’habitude de faire, j’ai pu me faire beaucoup de contacts, aux Etats-Unis notamment. J’ai pu rencontrer beaucoup de personnes qui avaient suivi la formation à Penn State. Elles m’ont conforté dans mon choix. 

Quelle est la suite pour vous ? 

Je vais rejoindre la formation à Penn State en septembre. En attendant je suis en route pour passer tout l’été à Adare Manor (NDLR : où il retrouvera un autre greenkeeper français, Axel Goguillon), golf qui accueillera la Ryder Cup 2027. Cela va me permettre de continuer à parler anglais et de voir l‘excellence d’un des plus beaux parcours européens.  

 

Corentin RICHARD

Visitez nos
autres sites