Golf de Montescot : Des greens en bermudagrass pour faire face aux conditions climatiques

Catégorie : Pratiques

Les deux étés passés sous des conditions climatiques difficiles ont poussé le Golf de Montescot, situé à 10 minutes de Perpignan, à innover en installant des greens en bermudagrass afin d’économiser la ressource en eau. Leur installation touche bientôt à sa fin.

Il y a plusieurs semaines, les équipes d’Elise Lucet et d’Envoyé Spécial se rendaient au Golf de Montescot, à 10 minutes de Perpignan, dans les Pyrénées Orientales. Le département a été l’un des plus touchés par la sécheresse et a été soumis aux restrictions d’arrosage les plus dures. Et le Golf de Montescot en est une parfaite illustration, comme le montre le reportage diffusé le 14 septembre 2023.

« Cet été, au mois de mai, les arrêtés préfectoraux nous ont interdit d’arroser le golf, même les greens. Par la suite, ils nous ont seulement autorisés à arroser les greens avec de l’eau issue de stations d’épuration », précise Jean-Pierre Deprade, directeur du golf. Problème : son golf n’est pas équipé de bassin pour stocker l’eau de station d’épuration acheminée par camion-citerne. Il était également inconcevable de créer un raccord entre le système d’arrosage et la station la plus proche. Le directeur n’a alors d’autre choix que d’investir dans deux surpresseurs reliés au réseau d’arrosage et à…sa piscine personnelle à proximité. Cette dernière est remplie par les camions-citernes venus de la station d’épuration.

Les deux années de sécheresse connues ont eu raison de la qualité des greens de ce 9 trous familial. Complètement brulés et secs, ils ne permettent pas le jeu. « Mais attention, nous sommes là sur deux années exceptionnelles. Jusqu’à maintenant nous étions alimentés par de l’eau à vocation agricole, et cela a très bien fonctionné pendant 13 ans. Si j’avais su qu’en 2023 on serait dans cette situation, je ne suis pas sûr que j’aurais créé mon golf », indique Jean-Pierre Deprade, directeur du golf, en compagnie d’Elise Lucet dans Envoyé Spécial. Face à cette situation, il a fallu prendre une décision.

 

L’été très chaud et sec est venu à bout des greens du Golf de Montescot.

Le premier green français en bermudagrass

En premier lieu, Jean-Pierre Deprade explore la piste des greens en synthétique. Mais cette solution a bien vite été écartée car jugée trop onéreux pour un établissement familial et avec une courte durée de vie (10-12 ans). Sous les conseils d’un ami, le directeur va décider de convertir ses greens, initialement en agrostis, en bermudagrass. Et plus précisément en Bermudagrass ultra-dwarf Sunday (bermudagrass ultra-naine). « L’intérêt de ce gazon est qu’il a moins besoin d’eau, il résiste à la sécheresse. Nous pouvons estimer 35 à 40 % d’économie d’eau avec cette graminée. Il a aussi d’autres avantages : il est insensible au Dollar Sport et beaucoup moins sensible aux maladies classiques », ajoute le directeur.

Si cette installation est nouvelle en France, elle est bien plus répandue chez nos voisins espagnols. Idem aux Etats-Unis. Pourtant, d’après Jean-Pierre Deprade, la climatologie du Sud de la France est propice à l’utilisation du bermudagrass.

Pour l’installation, les 10 greens (9 + le practice) ont été déplaqués à la déplaqueuse. Les plaques de Bermudagrass Sunday (bermudagrass nain) sont issues de la gazonnière espagnole Novogreen. Le gazon a été produit au Portugal. « Nous avions pour objectif de plaquer 2 greens par semaine. Le jeudi nous recevons les plaques de bermudagrass, nous plaquons les greens en une journée, avec des membres et des adhérents qui ont mis la main à la patte. » Actuellement, 6 greens ont été plaqués, les travaux devraient s’achever début octobre.

Les greens séchés du Golf de Montescot ont été déplaqués pour l’installation du bermudagrass.

 

Implantation rapide et dormance à prévoir

« Au niveau de la tenue, c’est assez extraordinaire. En moins de 10 jours le gazon s’est accroché et bien implanté », se réjouit le directeur. A tel point que ce dernier espère pouvoir ouvrir ses nouveaux greens dès la première quinzaine de novembre. En attendant, les membres peuvent jouer sur des greens d’hiver.

Le bermudagrass s’est rapidement implanté après son placage.

Les membres devront également s’attendre à ne pas avoir des greens verdissants tout au long de l’année. « Le seul inconvénient que peut avoir ce gazon, c’est qu’il va rentrer en dormance lorsque les températures vont baisser en dessous de 12°C pendant plusieurs jours. Nous ici, les températures en dessous de 10°C ne sont pas fréquentes », indique Jean-Pierre Deprade.

Et quand bien même les greens rentreraient en dormance, cela ne constitue pas un frein pour lui. Il prévoit déjà, soit de pigmenter ses greens, soit d’éduquer ses clients en les prévenant que le gazon sera jaune pendant 2 ou 3 mois maximum. Au vu de l’évolution climatique et des restrictions d’arrosage, ce changement de mentalité semble inéluctable et nécessaire.

Corentin RICHARD

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