Deux greenkeepers français à la Ryder Cup

Catégorie : Pratiques

Il y a quelques mois se déroulait l’un des événements sportifs de l’année en Italie, au Marco Simone Golf Club : la Ryder Cup. Et parmi les nombreuses personnes ayant aidé pour la tenue de l’événement se trouvaient plusieurs Français, dont Sébastien Delattre et Tony Perrera, deux greenkeepers qui ont eu l’occasion unique de participer à l’entretien du parcours. Ils nous racontent.

La Ryder Cup 2023 s’est déroulée du 29 septembre au 1er octobre 2023, en Italie, au Marco Simone Golf Club. Véritable événement international, la compétition est l’un des événements sportifs les plus suivis de la planète. Que ce soit dans les tribunes ou devant les télévisions, les regards sont rivés sur la qualité du parcours. Et comme à chaque édition, le golf qui accueille la compétition fait appel à de nombreux bénévoles pour prêter mains fortes à l’équipe d’entretien. Parmi la centaine de renforts, deux intendants de parcours français nous racontent leur expérience enrichissante.

Tony Perrera, intendant adjoint au golf de la Grande Bastide à Opio, et Sébastien Delattre, chef d’équipe et fontainier sur le parcours des pins au Golf d’Hardelot, ont participé à l’entretien manucuré du Marco Simone. S’ils ont chacun eu un rôle différent, ils s’accordent à dire que cette expérience unique leur servira pour la suite de leur carrière.

 

Des missions précises et variées

Tony Perrera, du haut de ses 25 ans, n’est pas près d’oublier son expérience au Marco Simone et cette « immense opportunité » d’être parmi la Greenkeeping Team de la Ryder Cup. Avant d’être retenu, il avait travaillé pendant une semaine, environ 20 jours avant la compétition, pour la venue des équipes US et EUROPE. Son travail a convaincu Lara Arias et Alejandro Reyes de lui proposer de continuer l’expérience durant la semaine de compétition. La situation était un peu différente pour Sébastien Delattre. Ce dernier connaissait déjà bien le Marco Simone pour y avoir travaillé durant deux Open d’Italie en 2021 et 2022, des véritables répétitions grandeur nature pour la Ryder Cup. 

Au niveau de l’organisation, compte tenu de l’effectif important présent sur le golf lors de la compétition (près d’une centaine de bénévoles pendant 10 jours), plusieurs équipes ont été composées pour la gestion des différents trous. Au sein de ces mêmes groupes se trouvaient des groupes assignés à des tâches très spécifiques. Tony Perrera faisait partie de l’équipe chargée des trous 2,3,4,11,12,13 et gérée par un autre Français, Robin Bichon, Second Assistant au Marco Simone depuis 2021. « Dans cette équipe, j’étais dans le groupe qui prépare les bunkers. Chaque membre de l’équipe a un rôle bien précis dans les bunkers. Les premiers s’occupent de souffler les déchets apparents, désherbent et remettent à plat le bunker à l’aide d’un balais brosse. Les suivants viennent pour rouler et lisser les faces de bunkers pour l’aspect esthétique et pour qu’aucune balle ne plug. Ensuite d’autres viennent ratisser le centre du bunker d’une manière très précise et minutieuse. Enfin d’autres font un ultime passage afin de rectifier le moindre détail (trace de sable autour du bunker, dernier soufflage…)», explique Tony Perrera.

Le moindre détail comptait pour les bunkers du Marco Simone lors de la Ryder Cup 2023.

 

Le jeune greenkeeper a aussi eu le privilège d’être tiré au sort pour ratisser les bunkers à l’intérieur des cordes durant les parties ! Une expérience exceptionnelle qui lui a permis de marcher aux côtés des staffs et des familles des joueurs, devant un public déchainé. « Nous avons vraiment vécu la partie au plus proche des joueurs. Je peux dire que c’était les bunkers les plus importants que je ne ratisserais sûrement plus jamais ! », s’enthousiasme-t-il. Après le passage des joueurs (16h30-17h), il a connu différents postes : la tonte des roughs autour des greens et des tees, les travaux sur les détails aux abords des zones de jeux (débroussaillage, taille au sécateur, etc.)

De son côté, Sébastien Delattre était chargé de l’arrosage avec d’autres bénévoles. « La liste des tâches est longue mais ça passe du détourage d’arrosage à la gestion de l’humidité des greens avec les sondes TDR notamment », explique-t-il. Avant de détailler une journée-type : « La journée débutait à 4h30 avec un briefing. De 5h à 9h, nous relevions l’humidité des greens 5, 8, 12 et 16 et nous les arrosions si nécessaire. Une fois les greens terminés, nous arrosions au tuyau de la totalité des zones sèches sur les fairways, départs, roughs ainsi que les bunkers. Entre les parties du matin et de l’après-midi (11h-14h), nous faisions un nouveau tour du parcours pour vérifier les dry patch et l’humidité des bunkers de greens. Enfin à 17h nous mettions en place le setup du soir avec un relevé d’humidité des greens, un très léger rafraîchissement, un arrosage des bunkers et des dry patch », détaille-t-il.

 

Une expérience inoubliable et enrichissante

Durant ces 10 jours lors desquels ils ont été plongés dans ce qui se fait de mieux en termes de parcours, ils ont chacun été surpris et impressionné par différentes choses. Pour Tony Perrera, la beauté et la grandeur de l’événement ont été impressionnants. « La qualité des fairways était époustouflante ! C’étaient des vrais billards et la tonte très courte avec des bandes en diamants les rendait sublimes ! », se remémore le greenkeeper, également bluffé par le nombre de bénévoles en dehors de l’équipe greenkeeping.

Pour Tony Perrera, la qualité des fairways était « époustouflante ».

Pour Sébastien Delatre, qui a côtoyé le Marco Simone en 2021 et 2022, c’est plutôt été l’évolution globale du parcours sur plusieurs années qui a interpelé. « Il faut se rappeler qu’en 2020 le parcours était encore en rénovation ! », rappelle-t-il.

Au-delà de la beauté et de la grandeur de l’événement, cette expérience a permis aux deux Français de progresser dans leur métier. « Cette expérience me servira évidemment pour l’avenir, cette philosophie du « parfait » n’est pas présente partout. J’ai rencontré des gens du monde entier, beaucoup d’entre eux travaillent sur des golfs accueillants de grands tournois », confie Tony Perrera. Même son de cloche du côté de son compatriote. « C’est évident que cette expérience va m’apporter pour la suite de ma carrière, d’un point de vue professionnel mais aussi humain. Les préparations de compétition m’ont permis d’acquérir une certaine « assurance » à l’approche des compétitions. Et puis nous revenons toujours avec des idées, des conseils, des techniques car c’est riche en échanges grâce aux bénévoles et employés du site », conclut Sébastien Delatre. Une bonne façon de faire progresser les greenkeepers français en leur offrant la possibilité d’être en immersion dans ce qui se fait de mieux en termes de compétition golfique. Et Cocorico, ce sont nos golfs français qui en profiteront !

Corentin RICHARD

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