Royaume-Uni : Les greenkeepers face à un printemps historiquement sec
Publié le 20 mai 2025 à 07h00
Catégorie : Actualités
Le Royaume-Uni est touché par une sécheresse printanière qu’il n’avait plus connue depuis la Seconde Guerre mondiale. Une situation qui impacte les greenkeepers du pays.
Le Royaume-Uni connaît le printemps le plus sec depuis la Seconde Guerre mondiale. Les précipitations enregistrées depuis le début du printemps sont bien inférieures aux moyennes saisonnières. Cette sécheresse prolongée a un impact significatif sur l’entretien des parcours de golf comme le signale la BIGGA (British and International Golf Greenkeepers Association).
Sécheresse historique au Royaume-Uni
Quelques chiffres pour illustrer à quel point cette sécheresse est inhabituelle pour le Royaume-Uni. Depuis le début du printemps, le Royaume-Uni a reçu environ 80 mm de pluie, soit seulement 35 % de la moyenne saisonnière habituelle de 229 mm. Le mois de mars n’avait plus été aussi sec depuis 1961 avec seulement 14,8 mm enregistrées en Angleterre. Le mois d’avril n’avait jamais été aussi ensoleillé au Royaume-Uni.
Le Royaume-Uni avait déjà connu une sécheresse en 2022, mais les niveaux d’eau sont aujourd’hui inférieurs et la situation est préoccupante. Les niveaux des réserves anglaises sont en moyenne à 84 % de leur capacité contre 90 % à la même période en 2022. La situation impacte naturellement l’agriculture qui, pour éviter de mauvaises récoltes, a recours à l’irrigation précoce, mettant davantage de pression sur les ressources en eau.
L’impact sur les golfs britanniques
Le mois de mai s’annonce lui aussi sec, ce qui ne manque pas d’inquiéter les greenkeepers du Royaume-Uni, qui redoutent un été particulièrement difficile. « J’étais en train de mesurer l’humidité de nos fairways et le taux d’humidité est tombé à environ 3-4 %. Normalement, on devrait avoir 10 à 15 % d’humidité pour nos espèces de gazon », confie à la BIGGA David Byron, Head Greenkeeper au Essex’s Thorndon Park.
Même son de cloche chez Richard Johnstone, Course Manager au Royal Aberdeen, relevé de précipitations mensuelles à l’appui. Seulement 9 mm en avril, 2 mm en mai (jusqu’au 9 mai). La situation est extrême est dénote particulièrement avec le printemps 2024 qui avait été particulièrement humide. « Notre situation n’est pas meilleure qu’au plus fort de l’hiver, malgré un temps plus sec », ajoute-t-il. « Évidemment, les zones irriguées des fairways se portent mieux. Nous pouvons contrôler des zones comme les greens, les tabliers, les abords et les départs grâce à l’irrigation, qui se portent bien. Mais nous consommons rapidement de l’eau pour les entretenir, et nous consommons notre réserve d’eau beaucoup plus tôt dans l’année. »
Cette intersaison sèche peut laisser des stigmates à certains golfs ayant connu un hiver difficile. « L’impact se manifeste par une mauvaise récupération des dégâts subis pendant l’hiver, ce qui est particulièrement problématique pour les parcours ayant souffert de maladies hivernales ou de dommages causés par les larves de tipules. Les greenkeepers constatent une apparition précoce du stress hydrique sur le gazon, notamment avec le Poa annua, dont la croissance est ralentie à l’approche de l’épiaison prévue à la mi-mai », explique à la BIGGA Paul Woodham, responsable agronomique du R&A.
Des solutions mises en place ci-et-là
Dans le Nord-Est de l’Ecosse, au Royal Aberdeen, les pratiques sont adaptées en conséquence pour ne pas stresser les surfaces de jeu. Les greens sont tondus et lissés moins régulièrement. « Nous nous concentrons sur les zones qui semblent stressées en appliquant des agents mouillants et en irriguant. Grâce à notre système d’irrigation, nous pouvons contribuer à retenir l’humidité. L’objectif est d’empêcher les surfaces de devenir hydrophobes, c’est-à-dire que le sol commence à repousser l’eau. Si cela se produit, le gazon peut commencer à se dégrader. Nous essayons d’empêcher les surfaces d’atteindre ce stade critique », indique Richard Johnstone.
Du côté de Thorndon Park, on privilégie l’arrosage en profondeur pour favoriser la croissance des racines. Afin de limiter l’usure de certaines surfaces, la circulation est réglementée grâce à des cordes, ce qui est habituellement fait en hiver. L’équipe d’entretien utilise un régulateur de croissance et limite l’apport d’engrais. Enfin, les fairways et les semi-roughs ne sont tondus qu’une fois par semaine.
Des joueurs dans l’incompréhension
Dans un tel contexte, les surfaces de jeu ne sont pas aussi belles et optimales que lors d’un printemps parfait. Une situation que certains joueurs peinent à accepter. « Les membres comprennent qu’il n’y a pas de pluie et que le temps est sec, mais ils ne comprennent pas pourquoi le parcours ne s’améliore pas. Ils disent : « On est en mai, donc tout devrait bien se passer », mais ils ne comprennent pas que le manque de pluie est précisément la raison pour laquelle rien ne se rétablit. Certains membres comprennent, mais nous devons constamment communiquer et expliquer la situation pour que tout le monde comprenne », affirme David Byron à la BIGGA. La communication est primordiale dans une telle situation, et elle peut passer par les réseaux sociaux ou d’autres canaux internes.
La BIGGA, consciente de la situation, invite les joueurs à se montrer patients et compréhensifs. « Les membres et les visiteurs des clubs de golf sont habitués à voir des surfaces de jeu vertes et il est important que nous comprenions que, dans les circonstances actuelles, cela est tout simplement impossible. Nous devons demander à nos membres et aux golfeurs visiteurs d’en tenir compte. Nous conseillons aux clubs d’engager un dialogue professionnel avec leur responsable de parcours, de définir des objectifs communs et de soutenir ouvertement leur équipe de greenkeepers. Ils seront beaucoup plus motivés et déterminés à surmonter ces difficultés avec le soutien indéfectible de leurs membres », a déclaré Jim Croxton, directeur général de BIGGA.